Lettreschoisies et prĂ©sentĂ©es par Guy Krivopissko (2003), La vie Ă  en mourir. Lettres de FusillĂ©s(1941-1944) Au delĂ  de la polĂ©mique sur la lecture devant les Ă©lĂšves de la lettre de Guy MĂŽquet, il convient de rappeler que cette commĂ©moration, c’est avant tout celle de la RĂ©sistance. 1) Qui Ă©tait Guy MĂŽquet ? Guy MĂŽquet a 16 ans
La derniĂšre lettre du jeune rĂ©sistant communiste Guy MĂŽquet, fusillĂ© par les soldats allemands le 22 octobre 1941. Ma petite maman chĂ©rie, mon tout petit frĂšre adorĂ©, mon petit papa aimĂ©, Je vais mourir ! Ce que je vous demande, toi, en particulier ma petite maman, c’est d’ĂȘtre courageuse. Je le suis et je veux l’ĂȘtre autant que ceux qui sont passĂ©s avant moi. Certes, j’aurais voulu vivre. Mais ce que je souhaite de tout mon coeur, c’est que ma mort serve Ă  quelque chose. Je n’ai pas eu le temps d’embrasser Jean. J’ai embrassĂ© mes deux frĂšres Roger et Rino NDLR - ses frĂšres » de combat. Quant au vĂ©ritable, je ne peux le faire hĂ©las ! J’espĂšre que toutes mes affaires te seront renvoyĂ©es, elles pourront servir Ă  Serge, qui, je l’escompte, sera fier de les porter un petit papa, si je t’ai fait, ainsi qu’à ma petite maman, bien des peines, je te salue une derniĂšre fois. Sache que j’ai fait de mon mieux pour suivre la voie que tu m’as tracĂ©e. Un dernier adieu Ă  tous mes amis, Ă  mon frĂšre que j’aime beaucoup. Qu’il Ă©tudie bien pour ĂȘtre plus tard un homme. Dix-sept ans et demi, ma vie a Ă©tĂ© courte, je n’ai aucun regret, si ce n’est de vous quitter tous. Je vais mourir avec Tintin, Michels. Maman, ce que je te demande, ce que je veux que tu me promettes, c’est d’ĂȘtre courageuse et de surmonter ta peine. Je ne peux pas en mettre davantage. Je vous quitte tous, toutes, toi maman, Serge, papa, je vous embrasse de tout mon cƓur d’enfant. Courage ! Votre Guy qui vous aime. »

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La commĂ©moration au cours de la matinĂ©e du 22 octobre commencera par la lecture, en classe ou en grand groupe selon le choix des Ă©tablissements, de la lettre de Guy MĂŽquet.» SignĂ© Xavier Darcos, ministre de l'Education nationale, dans le Bulletin officiel du 30 aoĂ»t. Ainsi, hier, les lycĂ©es Ă©taient invitĂ©s Ă  rendre hommage Ă  Guy MĂŽquet, jeune rĂ©sistant arrĂȘtĂ© en octobre 1941 Ă  Paris par des policiers français Ă  la recherche de militants communistes. Juste avant d'ĂȘtre exĂ©cutĂ©, le 22 octobre avec 26 camarades, il adresse un Ă©mouvant courrier Ă  sa missive que Nicolas Sarkozy veut faire entendre Ă  tous les lycĂ©ens; c'est sa premiĂšre dĂ©cision de prĂ©sident». Il est essentiel d'expliquer Ă  nos enfants ce qu'est un jeune Français, Ă  travers le sacrifice de quelques-uns, l'anonyme grandeur d'un homme qui se donne Ă  une cause plus grande que lui», explique le chef de l'Etat. La mĂ©thode dĂ©range et nombre de professeurs s'offusquent de cette ingĂ©rence dans leurs affaires intĂ©rieures. La Lettre aux Ă©ducateurs, dans laquelle Nicolas Sarkozy exposait ses vues sur l'Ă©cole, les a dĂ©jĂ  passablement Ă©chaudĂ©s. Le SNES, Syndicat national des enseignants du second degrĂ©, appelle au du passĂ©Maints historiens mettent Ă©galement en garde contre une instrumentalisation du passĂ©. Une lettre, comme toute source historique, doit ĂȘtre contextualisĂ©e et croisĂ©e avec d'autres documents, rappelle Laurence De Cock-Pierrepont, membre du ComitĂ© de vigilance face aux usages publics de l'histoire. Ici, il ne s'agit que de commĂ©moration; l'identitĂ© rĂ©sistante et communiste de Guy MĂŽquet a Ă©tĂ© complĂštement effacĂ©e de maniĂšre Ă  susciter le pathos et l'adhĂ©sion Ă  la politique du gouvernement. Sans rappel du contexte, tout ce qui ressort de ce courrier est en effet l'amour familial, la dĂ©votion au travail et Ă  la patrie.» Un discours repris par la gauche, dĂ©jĂ  fĂąchĂ©e que Nicolas Sarkozy lui ait piquĂ© des figures emblĂ©matiques comme Blum ou est vrai que le prĂ©sident n'a pas insistĂ© sur la couleur politique de Guy MĂŽquet, la directive officielle invite toutefois Ă  exploiter les thĂšmes liĂ©s Ă  la mĂ©moire de la Seconde Guerre mondiale» et prĂ©cise que cette lecture pourra ĂȘtre suivie d'autres». Ainsi, les lycĂ©es de l'Hexagone ont appliquĂ© diffĂ©rentes formules, du boycott Ă  l'hommage vibrant en passant par la minute de silence ou le dĂ©bat sur la rĂ©cupĂ©ration lycĂ©e... Guy MĂŽquet de Chateaubriant - lĂ  oĂč le jeune homme a Ă©tĂ© exĂ©cutĂ© -, le texte a Ă©tĂ© lu par un Ă©lĂšve, accompagnĂ© de l'adieu bouleversant d'Henri Fertet, fusillĂ© Ă  16 ans, du poĂšme d'Aragon La rose et le rĂ©sĂ©da et de tĂ©moignages d'anciens rĂ©sistants. Il nous paraissait important de ne pas nous limiter Ă  la lecture d'une seule lettre et de dĂ©passer la notion d'Ă©vĂ©nement», argue Daniel Poitral, proviseur Sarkozy, de son cĂŽtĂ©, aurait dĂ» lire le courrier aux Ă©lĂšves du lycĂ©e Carnot, oĂč il a Ă©tudiĂ© naguĂšre. Les enseignants de l'Ă©tablissement lui ont Ă©crit la semaine passĂ©e pour expliquer leur refus de participer Ă  la cĂ©rĂ©monie. Le prĂ©sident a finalement renoncĂ© Ă  la lecture, pour cause d'agenda surchargé».
Dansles lycées briochins, la lecture de la lettre de Guy MÎquet n'a pas donné lieu à polémique. Les proviseurs ont laissé le choix aux enseignants de
Guy MĂŽquet est une figure centrale de l'histoire de la RĂ©sistance française. FusillĂ© le 22 octobre 1941 par les Allemands Ă  ChĂąteaubriant Loire, il avait Ă©tĂ© arrĂȘtĂ© Ă  Paris. Par Simon Louvet PubliĂ© le 22 Oct 21 Ă  1726 Guy MĂŽquet, fusillĂ© le 22 octobre 1941 dans la Loire, a Ă©tĂ© interpellĂ© Ă  Paris oĂč il militait contre l’occupant allemand. ©IP3 PRESS/MAXPPPSi la RĂ©sistance française Ă  l’occupant allemand devait avoir un visage, ce pourrait ĂȘtre celui de Guy MĂŽquet. ArrĂȘtĂ© Ă  Paris, l’adolescent de 17 ans a Ă©tĂ© fusillĂ© il y a 80 ans, le 22 octobre 1941, avec 26 autres rĂ©sistants Ă  ChĂąteaubriant Loire-Atlantique.DĂ©fenseur de son pĂšre, dĂ©putĂ© communiste dĂ©portĂ© en AlgĂ©rieLa mort de Guy MĂŽquet aura Ă©tĂ©, comme son engagement politique, prĂ©coce. NĂ© dans le 18Ăšme arrondissement, il est le fils de Prospet MĂŽquet, cheminot et dĂ©putĂ© communiste du 17Ăšme. Voyant son pĂšre ĂȘtre interpellĂ© en octobre 1939, puis dĂ©portĂ© en AlgĂ©rie, Guy se mobilise. DĂ©jĂ  militant au lycĂ©e Carnot oĂč il Ă©tudiait, il a redoublĂ© d’ avoir sollicitĂ© le gouvernement français responsable de l’arrestation de son pĂšre, Guy MĂŽquet passe Ă  l’opposition Ă  l’occupant allemand. À seulement 16 ans, il colle des affiches et distribue des tracts Ă  l’étĂ© 1940. Ces documents rĂ©clament la libĂ©ration du dĂ©putĂ© des Épinettes », dĂ©noncent l’occupation ou ciblent la dictature de Laval ». IncarcĂ©rĂ© Ă  la prison de la SantĂ© puis Ă  ClairvauxGuy MĂŽquet a Ă©tĂ© arrĂȘtĂ© aprĂšs une dĂ©nonciation le 13 octobre 1940, en gare de l’Est, par des policiers français. D’autres militants arrĂȘtĂ©s passent aux aveux et l’accusent d’ĂȘtre parmi les colleurs de tracts, ce que l’adolescent nie. JugĂ© en janvier 1941, il est acquittĂ© mais il sera emprisonnĂ©, aprĂšs avis des Renseignements gĂ©nĂ©raux, Ă  la SantĂ© puis Ă  mai 1941, Guy MĂŽquet est transfĂ©rĂ© dans un camp d’internement de ChĂąteaubriant, avec d’autres militants communistes. Leur destin va basculer le 20 octobre 1941, avec l’assassinat du commandant des troupes d’occupation de la Loire, par un commando communiste. En reprĂ©sailles, les Allemands ordonnent l’exĂ©cution de 48 otages. Le choix des fusillĂ©s a Ă©tĂ© facilitĂ© par le gouvernement de Vichy, qui a fourni une liste de militants sont exĂ©cutĂ©s dans trois lieux diffĂ©rents cinq sont tuĂ©s au Mont-ValĂ©rien, 17 Ă  Nantes, ville de l’assassinat, et 27 Ă  ChĂąteaubriant parmi lesquels Jean-Pierre Timbaud. Selon ce communiste qui donne son nom Ă  une rue du 11Ăšme arrondissement, les otages sont allĂ©s dignement » au poteau d’exĂ©cution en chantant la Marseillaise et en scandant Vive la France » au moment des tirs du peloton allemand. Sur cette journĂ©e du 22 octobre 1941, une seule certitude concerne Guy MĂŽquet sa lettre dĂ©chirante Ă  ses petite maman chĂ©rie, mon tout petit frĂšre adorĂ©, mon petit papa aimĂ©, je vais mourir ! ... Certes j'aurais voulu vivre. Mais ce que je souhaite de tout mon cƓur c'est que ma mort serve Ă  quelque chose. ... 17 ans et demi, ma vie a Ă©tĂ© courte, je n'ai aucun regret, si ce n'est de vous quitter tous. VIDÉO. TĂ©moignages de survivants de ChĂąteaubriant et de proches VidĂ©os en ce moment sur ActuCondamnation internationale et postĂ©ritĂ© Ă©pistolaireDĂšs le 25 octobre, trois jours aprĂšs, Guy MĂŽquet a Ă©tĂ© fait martyr » par Charles de Gaulle, suivi par Winston Churchill et Franklin Roosevelt qui ont condamnĂ© ces la rĂ©elle postĂ©ritĂ© de la mort de Guy MĂŽquet arrivera par la plume de Louis Aragon, poĂšte militant au Parti communiste et sympathisant de la RĂ©sistance. GrĂące aux lettres des exĂ©cutĂ©s rĂ©cupĂ©rĂ©es par des militants du PCF contraints Ă  la clandestinitĂ©, Louis Aragon Ă©crit Le TĂ©moin des Martyrs, publiĂ© dans des feuillets rĂ©sistants dĂšs 1942. La lettre de Guy MĂŽquet Ă  ses parents est mise en avant par l’écrivain, qui en fait un 1944 et 1946, Charles de Gaulle honore Guy MĂŽquet de la mĂ©daille de la RĂ©sistance et de la LĂ©gion d’honneur. Le martyr donnera, entre autres, son nom Ă  une station de article vous a Ă©tĂ© utile ? Sachez que vous pouvez suivre Actu Paris dans l’espace Mon Actu . En un clic, aprĂšs inscription, vous y retrouverez toute l’actualitĂ© de vos villes et marques favorites.
LecomĂ©dien Etienne Guillou lit pour le magazine Umanz, la lettre du rĂ©sistant de 17 ans, Guy Moquet Ă©crite Ă  ses parents avant d’ĂȘtre fusillĂ© pour actes de rĂ©sistance le 22 octobre 1941 : Cette entrĂ©e a Ă©tĂ© publiĂ©e dans Essentiels .

1 LE CONTEXTE HISTORIQUE La Seconde guerre mondiale a commencĂ© dĂ©but septembre 1939. Le 10 mai 1940 commence l’offensive allemande dans les Ardennes ; deux mois plus tard, l’armĂ©e française s’est complĂštement effondrĂ©e. Le 10 juillet 1940, les parlementaires de droite et un nombre important de "gauche" "Ă©lisent" Ă  la tĂȘte du pays le marĂ©chal PĂ©tain sur une orientation fasciste traditionaliste de collaboration avec le nazisme. Les Ă©lus communistes ne participent plus aux rĂ©unions de l’AssemblĂ©e nationale depuis l’interdiction de leur parti. L’armĂ©e d’Adolf Hitler occupe une grande partie de la France dont le Nord, l’Est, la RĂ©gion parisienne et la façade atlantique Nantes, Bordeaux. Le 22 juin 1941, l’armĂ©e hitlĂ©rienne attaque l’URSS qui porte alors en totalitĂ© le rapport de force militaire face au fascisme. Le Parti Communiste interdit entre dans la clandestinitĂ© ; il est le seul Ă  prendre des initiatives militaires de RĂ©sistance dĂ©raillement d’un train de soldats allemands Ă  Nantes... Dans ces conditions, le choix fait par la droite française au pouvoir avec PĂ©tain de tout faire pour dĂ©truire le Parti Communiste relĂšve seulement d’une aide directe Ă  Hitler, Franco, Mussolini et compagnie. Dans le cas de Guy Moquet, membre des Jeunesses Communistes, cela se traduit par le fait qu’il a Ă©tĂ© dĂ©noncĂ© pour distribution de tracts par deux policiers français. Il a Ă©tĂ© arrĂȘtĂ© par des policiers français. Il a Ă©tĂ© internĂ© suite Ă  un dĂ©cret de l’Etat français pris Ă  l’encontre des communistes. Il a Ă©tĂ© gardĂ© par des gendarmes français Ă  Chateaubriant et il sera choisi pour ĂȘtre fusillĂ© par des Français. La droite française liĂ©e Ă  tous les milieux profiteurs du pays colonisation... sort de la pĂ©riode du Front Populaire oĂč elle a vu, horrifiĂ©e, des ouvriers bĂ©nĂ©ficier de congĂ©s payĂ©s. Se retrouvant au pouvoir grĂące Ă  la victoire d’Hitler, elle est dĂ©cidĂ©e Ă  faire payer aussi les syndicalistes de la CGTU qui ont obtenu pour les salariĂ©s de nouveaux droits. Cette droite française revancharde emprisonne puis choisit pour ĂȘtre fusillĂ©s des syndicalistes comme Timbaud, Poulmarch, Grandel... Prosper Moquet, pĂšre de Guy, est cheminot, responsable syndical de la CGTU ; son fils va Ă  coup sĂ»r payer aussi pour lui. 2 Guy Moquet Prosper Moquet, dĂ©putĂ© communiste du XVIIĂšme arrondissement, est arrĂȘtĂ© le 10 octobre 1940 et condamnĂ© Ă  cinq ans de travaux forcĂ©s. Son fils aĂźnĂ© Guy, ĂągĂ© de 16 ans, poursuit ses Ă©tudes au lycĂ©e Carnot tout en menant une activitĂ© militante avec les Jeunesses Communistes ; il est arrĂȘtĂ© le 13 octobre 1940 au MĂ©tro Gare de l’Est par des policiers français ; conduit au commissariat il est violemment passĂ© Ă  tabac pour qu’il rĂ©vĂšle les noms des amis de son pĂšre. Il est important de noter cette date du 13 octobre 1940 ; Ă  ce moment-lĂ  l’armĂ©e allemande d’occupation se dĂ©sintĂ©resse complĂštement de l’arrestation de communistes ; elle ne commencera Ă  s’y intĂ©resser qu’à partir de juin 1941 et de l’attaque sur l’URSS. C’est donc seulement la dĂ©termination anticommuniste de la droite française qui porte la responsabilitĂ© de son arrestation. EmprisonnĂ© Ă  Fresnes puis Clairvaux, Guy est ensuite transfĂ©rĂ© au camp de Chateaubriant en Loire Atlantique oĂč Ă©taient dĂ©tenus d’autres RĂ©sistants. Nous savons que Guy Moquet, malgrĂ© une discipline sĂ©vĂšre, contribua Ă  apporter un peu de joie parmi les internĂ©s, en particulier dans la "baraque des jeunes". Il s’éprend d’une jeune communiste Ă©galement prisonniĂšre, Odette Leclan. Le 20 octobre 1941, Karl Hotzle, commandant des troupes d’occupation de la Loire-infĂ©rieure Nantes, est exĂ©cutĂ©. Le ministre de l’IntĂ©rieur du gouvernement PĂ©tain, nommĂ© Pierre Pucheu, particuliĂšrement anticommuniste, dĂ©cide en reprĂ©sailles, la mort de 50 militants de la rĂ©gion nantaise dont 27 Ă  Chateaubriant surtout militants du Parti Communiste et quelques-uns de la QuatriĂšme Internationale,trotskystes. Sur ces 27, 17 ont Ă©tĂ© choisis par les soins de Pucheu et consorts. Deux jours plus tard, neuf poteaux sont dressĂ©s Ă  la SabliĂšre, vaste carriĂšre Ă  la sortie de ChĂąteaubriant. Dans les camions qui les conduisent au peloton d’exĂ©cution, Guy Ă©crit Ă  Odette son amie du camp, sur un petit bout de papier, regrettant de n’avoir pas eu le baiser qu’elle lui avait promis " Je vais mourir avec mes 26 camarades. Nous sommes courageux. Ce que je regrette est de n’avoir pas eu ce que tu m’as promis. Mille grosses caresses de ton camarade qui t’aime. Guy." Les gendarmes français font du zĂšle anticommuniste au service des nazis. Aussi, la seule rĂ©action face Ă  leurs bourreaux est celle de Jean-Pierre Timbaud qui crache sur le lieutenant de gendarmerie Touya. En trois groupes, les 27 otages s’appuient aux poteaux, refusent qu’on leur bande les yeux et sont fusillĂ©s. Guy MĂŽquet, le plus jeune, est abattu Ă  16h00. Avant son exĂ©cution, il a Ă©crit une lettre Ă  sa famille oĂč il s’adresse en particulier Ă  "son tout petit frĂšre adorĂ©" pour lui donner ses vĂȘtements. Ce jeune frĂšre de Guy MĂŽquet, Serge, ĂągĂ© de 12 ans en 1941, sera traumatisĂ© par la mort de son aĂźnĂ© et ne lui survivra que de quelques jours. 3 Lettre de Guy Moquet Ă  la veille de sa mise Ă  mort par les nazis le 22 octobre 1941 "Ma petite maman chĂ©rie, mon tout petit frĂšre adorĂ©, mon petit papa aimĂ©, Je vais mourir ! Ce que je vous demande, toi, en particulier ma petite maman, c’est d’ĂȘtre courageuse. Je le suis et je veux l’ĂȘtre autant que ceux qui sont passĂ©s avant moi. Certes, j’aurais voulu vivre. Mais ce que je souhaite de tout mon cƓur, c’est que ma mort serve Ă  quelque chose. Je n’ai pas eu le temps d’embrasser Jean. J’ai embrassĂ© mes deux frĂšres Roger et Rino. Quant au vĂ©ritable je ne peux le faire hĂ©las ! J’espĂšre que toutes mes affaires te seront renvoyĂ©es elles pourront servir Ă  Serge, qui je l’escompte sera fier de les porter un jour. A toi petit papa, si je t’ai fait ainsi qu’à ma petite maman, bien des peines, je te salue une derniĂšre fois. Sache que j’ai fait de mon mieux pour suivre la voie que tu m’as tracĂ©e. Un dernier adieu Ă  tous mes amis, Ă  mon frĂšre que j’aime beaucoup. Qu’il Ă©tudie bien pour ĂȘtre plus tard un homme. 17 ans 1/2, ma vie a Ă©tĂ© courte, je n’ai aucun regret, si ce n’est de vous quitter tous. Je vais mourir avec Tintin, Michels. Maman, ce que je te demande, ce que je veux que tu me promettes, c’est d’ĂȘtre courageuse et de surmonter ta peine. Je ne peux en mettre davantage. Je vous quitte tous, toutes, toi maman, Serge, papa, en vous embrassant de tout mon cƓur d’enfant. Courage ! Votre Guy qui vous aime Guy DerniĂšres pensĂ©es Vous tous qui restez, soyez dignes de nous, les 27 qui allons mourir !" 4 Message de Brigitte Blang Dans ma salle de classe en Sciences... comme quoi tout est dans tout sont accrochĂ©s le portrait d’Anne Frank, la photo des enfants d’Yzieu, la lettre Ă  la jeunesse d’Émile Zola oĂč allez-vous jeunes gens ?, la DĂ©claration des Droits de l’Homme, des posters contre le racisme et autres babioles du mĂȘme acabit. Je n’ai jamais connu une seule annĂ©e scolaire sans que l’un ou l’autre de mes gamins demande " C’est qui, la fille, Madame ? " ou "Les enfants, lĂ , ils sont en colo ? Pourquoi vous avez leur photo ? " Et lĂ , en douce, sans ostentation, sans pathos non plus, sans qu’on y soit OBLIGÉ, l’histoire vient d’elle-mĂȘme se glisser dans le cours de SVT, mine de rien. Fastoche ? Eh oui... Et Sarkozy n’y est pour rien. Tant mieux d’ailleurs !... Brigitte 5 REACTION DE COMMUNISTES A LA DECISION DE NICOLAS SARKOZY 1 La section du PCF Paris 15Ăšme, comme des milliers de communistes de France, exprime son indignation devant l’opĂ©ration de rĂ©cupĂ©ration de la mĂ©moire de Guy MĂŽquet Ă  laquelle s’est livrĂ©e hier M. Sarkozy, jour de son investiture. Elle rappelle que Guy MĂŽquet a Ă©tĂ© arrĂȘtĂ© en octobre 1940 par la police française comme militant communiste. Il Ă©tait le fils de Prosper MĂŽquet, dĂ©putĂ© communiste dĂ©chu de son mandat par les dĂ©putĂ©s qui allaient voter les pleins pouvoirs Ă  PĂ©tain et dont un bon nombre est parvenu Ă  rester aux affaires aprĂšs 1945. Il a Ă©tĂ© fusillĂ© par les soldats allemands Ă  l’ñge de 17 ans, avec 26 de ses camarades Ă  ChĂąteaubriant le 22 octobre 1941. Ils avaient Ă©tĂ© dĂ©signĂ©s comme otages Ă  exĂ©cuter par le ministre de l’intĂ©rieur de Vichy Pucheu parce qu’ils Ă©taient communistes. Ils sont morts en criant Vive la France ! ». Militants communistes, nous dĂ©nions formellement le droit Ă  M. Sarkozy de s’approprier cette mĂ©moire. Ses orientations politiques, sa conception de l’histoire sont totalement Ă  l’opposĂ© des idĂ©aux patriotiques de justice sociale, d’égalitĂ©, de paix et d’amitiĂ© entre les peuples pour lesquels nos camarades sont tombĂ©s. Nous enjoignons nos camarades, les citoyens Ă  exprimer publiquement leur rĂ©probation. Vive le Parti communiste qui fera une France libre, forte et heureuse ! » avaient Ă©crit ses compagnons Pourchasse, BarthĂ©lĂ©my et Timbaud avant d’ĂȘtre fusillĂ©s avec Guy MĂŽquet dont la derniĂšre pensĂ©e fut Vous qui restez, soyez dignes de nous, les 27 qui allons mourir ». 6 PoĂšme Ils sont appuyĂ©s contre le ciel Ils sont trente appuyĂ©s contre le ciel Avec toute la vie derriĂšre eux Ils sont plein d’étonnement pour leur Ă©paule Qui est un monument d’amour Ils n’ont pas de recommandations Ă  se faire Parce qu’ils ne se quitteront jamais plus L’un d’eux pense Ă  un petit village OĂč il allait Ă  l’école Un autre est assis Ă  sa table Et ses amis tiennent ses mains Ils ne sont dĂ©jĂ  plus du pays dont ils rĂȘvent Ils sont bien au-delĂ  de ces hommes Qui les regardent mourir Il y’a entre eux la diffĂ©rence du martyre Parce que le vent est passĂ© lĂ  oĂč ils chantent Et leur seul regret est que ceux Qui vont les tuer n’entendent pas Le bruit Ă©norme des paroles Ils sont exacts au rendez-vous Ils sont mĂȘme en avance sur les autres Pourtant ils disent qu’ils ne sont plus des apĂŽtres Et que tout est simple Et que la mort surtout est une chose simple Puisque toute libertĂ© se survit Les fusillĂ©s de ChĂąteaubriant de RĂ©nĂ©-Guy Cadou Pleine Poitrine 1946

LettreMoquet Le derniĂšre lettre du jeune rĂ©sistant communiste, fusillĂ© par les Allemands le 22 octobre 1941. "Ma petite maman chĂ©rie, mon tout petit frĂšre adorĂ© mon petit papa aimĂ©" "Je vais mourir ! Ce que je vous demande, toi, en particulier ma petite maman, c'est d'ĂȘtre courageuse.

ï»ż"Ma petite maman chĂ©rie, mon tout petit frĂšre adorĂ©, mon petit papa aimĂ©, Je vais mourir ! Ce que je vous demande, toi, en particulier ma petite maman, c'est d'ĂȘtre courageuse. Je le suis et je veux l'ĂȘtre autant que ceux qui sont passĂ©s avant moi. Certes, j'aurais voulu vivre. Mais ce que je souhaite de tout mon coeur, c'est que ma mort serve Ă  quelque chose. Je n'ai pas eu le temps d'embrasser Jean. J'ai embrassĂ© mes deux frĂšres Roger et Rino NDLR, ses "frĂšres" de combat. Quant au vĂ©ritable, je ne peux le faire hĂ©las ! J'espĂšre que toutes mes affaires te seront renvoyĂ©es, elles pourront servir Ă  Serge, qui, je l'escompte, sera fier de les porter un jour. A toi, petit papa, si je t'ai fait ainsi qu'Ă  ma petite maman, bien des peines, je te salue une derniĂšre fois. Sache que j'ai fait de mon mieux pour suivre la voie que tu m'as tracĂ©e. Un dernier adieu Ă  tous mes amis, Ă  mon frĂšre que j'aime beaucoup. Qu'il Ă©tudie bien pour ĂȘtre plus tard un homme. 17 ans et demi, ma vie a Ă©tĂ© courte, je n'ai aucun regret, si ce n'est de vous quitter tous. Je vais mourir avec Tintin, Michels. Maman, ce que je te demande, ce que je veux que tu me promettes, c'est d'ĂȘtre courageuse et de surmonter ta peine. Je ne peux pas en mettre davantage. Je vous quitte tous, toutes, toi maman, Serge, papa, je vous embrasse de tout mon coeur d'enfant. Courage ! Votre Guy qui vous aime" Lettrede Guy MĂŽquet Ă  ses parents avant sa mort Voici le texte de la derniĂšre lettre du jeune rĂ©sistant communiste Guy MĂŽquet, fusillĂ© par les Allemands le 22 octobre 1941, lue mercredi 16 mai par Le 22 octobre 1941, en reprĂ©sailles Ă  l'assassinat d'un officier allemand Ă  Nantes, 48 hommes Ă©taient exĂ©cutĂ©s. L'histoire les retiendra sous l'appellation des "50 otages". Parmi eux, un nom sera Ă©rigĂ© en martyr, celui du jeune Guy MĂŽquet, ĂągĂ© de seulement 17 ans. Qui se cache derriĂšre ce symbole et pourquoi a-t-il pris autant d'importance ? "Je vais mourir ! Ce que je vous demande, toi en particulier, ma petite maman, c’est d’ĂȘtre courageuse. Je le suis et je veux l’ĂȘtre autant que ceux qui sont passĂ©s avant moi." Le 22 octobre 1941, 16 hommes tombent sous les balles allemandes Ă  Nantes, cinq au Mont-ValĂ©rien, prĂšs de Paris, et 27 dans une carriĂšre de sable Ă  ChĂąteaubriant, en Loire-Atlantique. Parmi eux, Guy MĂŽquet, ĂągĂ© de 17 ans, est le plus jeune. C’est lui qui Ă©crit ces quelques mots Ă  ses parents et Ă  son frĂšre, quelques heures avant son exĂ©cution. Dans la mĂ©moire collective, sa lettre et son nom ont traversĂ© les fait partie des 48 otages fusillĂ©s – connus sous le nom des "50 otages" – sur ordre des autoritĂ©s allemandes Ă  la suite de l’assassinat deux jours auparavant Ă  Nantes du lieutenant-colonel Karl Hotz, le chef de la Kommandantur locale, abattu en pleine rue par un commando de trois rĂ©sistants communistes. Furieux, Hitler exige des reprĂ©sailles immĂ©diates. Le gĂ©nĂ©ral Otto von StĂŒlpnagel, chef de l’armĂ©e d’occupation en France, fait alors publier cet avis "En expiation de ce crime, j’ai ordonnĂ© prĂ©alablement de faire fusiller cinquante otages." Avis de recherche des auteurs de l'attentat de Nantes du 20 octobre 1941, aprĂšs l’assassinat du lieutenant-colonel Karl Hotz. © Wikimedia "L’ennemi a cru qu’il allait faire peur Ă  la France"Depuis l’attentat du mĂ©tro BarbĂšs, Ă  Paris, le 21 aoĂ»t 1941, au cours duquel un officier allemand a Ă©tĂ© assassinĂ© par des rĂ©sistants communistes, la rĂ©pression s’est accentuĂ©e. L’armĂ©e allemande d’occupation met en application le "code des otages", qui prĂ©voit l’exĂ©cution de 50 Ă  100 otages choisis dans les milieux communistes et rĂ©sistants pour un soldat allemand tuĂ©. "L'armĂ©e allemande veut intimider les premiers rĂ©sistants et Ă©viter la propagation. C’est une politique de spectacle. Un marketing de la terreur", rĂ©sume l’historien Didier Guyvarc'h, coauteur de l’ouvrage "Les 50 Otages en vie, en joue, enjeux" Ă©d. Centre d’histoire du travail. En application de ces directives, la premiĂšre exĂ©cution a lieu le 6 septembre. Trois otages sont fusillĂ©s au Mont-ValĂ©rien, cinq Ă  Lille le 15 septembre, puis 20 le 26 septembre. Le 22 octobre 1941 marque un tournant, selon Didier Guyvarc'h "C’est la premiĂšre fois que dans l’ouest de l’Europe occupĂ©e, on assiste Ă  une exĂ©cution de cette ampleur."Son annonce provoque une onde de choc en France comme Ă  l’étranger. Le 25 octobre, le gĂ©nĂ©ral de Gaulle exprime son indignation sur l’antenne de la BBC et dĂ©cerne Ă  Nantes dĂšs le 11 novembre 1941 l’insigne de l’ordre des Compagnons de la LibĂ©ration "En fusillant nos martyrs, l'ennemi a cru qu'il allait faire peur Ă  la France. La France va lui montrer qu'elle n'a pas peur de lui." Des tracts sont mĂȘme lancĂ©s sur la France dans les jours qui suivent avec des dĂ©clarations du Premier ministre britannique Winston Churchill et du prĂ©sident amĂ©ricain Franklin Roosevelt, qui dĂ©noncent eux aussi ces exĂ©cutions. D’autres otages seront exĂ©cutĂ©s Ă  la mĂȘme Ă©poque en France, dont 50 Ă  Bordeaux le 24 octobre, en reprĂ©sailles Ă  un autre attentat commis contre un officier allemand. Mais l’Histoire retiendra surtout le destin des "50 otages" de Nantes et de sa noms de ces hommes ont Ă©tĂ© portĂ©s sur une liste par le gĂ©nĂ©ral Otto von StĂŒlpnagel avec la complicitĂ© du rĂ©gime de Vichy et de son ministre de l’IntĂ©rieur, Pierre Pucheu. "On dĂ©cide de prendre des otages qui sont dans la rĂ©gion nantaise, qui en sont originaires ou qui ont un lien avec elle", explique l’historien Didier Guyvarc'h. Pierre Pucheu donne ainsi les noms de responsables syndicaux et militants communistes, qui sont dĂ©tenus au camp de Choisel Ă  ChĂąteaubriant. Le gĂ©nĂ©ral von StĂŒlpnagel acte aussi l’exĂ©cution de 16 hommes dĂ©tenus Ă  Nantes, des anciens combattants, des jeunes membres de rĂ©seaux de rĂ©sistance et des communistes, ainsi que celle de cinq autres rĂ©sistants nantais emprisonnĂ©s au fort de Romainville, prĂšs de Paris, avant d'ĂȘtre fusillĂ©s au Mont-ValĂ©rien. "Les Allemands souhaitaient que tous les Français se sentent 'otages en puissance', ils ont donc Ă©largi Ă  des rĂ©sistants nantais non communistes", prĂ©cise Étienne Gasche, professeur d’histoire, auteur de "50 otages, mĂ©moire sensible" Éditions du Petit VĂ©hicule. Une photo montrant Guy MĂŽquet dernier rang, cinquiĂšme Ă  partir de la droite aux cĂŽtĂ©s de ses camarades communistes au champ de Choisel. AFP "Je laisserai mon souvenir dans l’Histoire car je suis le plus jeune des condamnĂ©s"Cinquante noms sont retenus au dĂ©part. Deux sont finalement retirĂ©s de la liste sans ĂȘtre remplacĂ©s. Quarante-huit sont exĂ©cutĂ©s, mais le chiffre initial restera pour la postĂ©ritĂ©, tout comme la figure de Guy MĂŽquet. TrĂšs vite, le jeune homme devient le visage des "50 otages" et le symbole de la rĂ©sistance aprĂšs l’exĂ©cution des 27 de ChĂąteaubriant, leurs lettres et des tĂ©moignages d’autres internĂ©s sont transmis Ă  Louis Aragon par Jacques Duclos, responsable du Parti communiste. Le poĂšte leur rend hommage dans un texte clandestin, "Les Martyrs", lu sur la BBC "Notre Guy s’avance d’un pas rapide et assurĂ©, dix-sept ans, plein d’insouciance et de vie ! À peine Ă©veillĂ© aux premiers rĂȘves d’amour, il est parti, notre Guy, comme serait parti un peu de nous." Sa jeunesse est tout de suite mise en avant. "Je laisserai mon souvenir dans l’Histoire car je suis le plus jeune des condamnĂ©s", aurait-il d’ailleurs confiĂ© Ă  l’abbĂ© Moyon, qui assista les otages de ChĂąteaubriant. Une photo de Guy MĂŽquet au camp de Choisel lors d'une visite de son frĂšre Serge et de sa mĂšre Juliette. AFP Mais son Ăąge n’explique pas tout, comme le souligne Jean-Paul Le Maguet, l’administrateur du MusĂ©e de la RĂ©sistance de ChĂąteaubriant "À Nantes, un autre jeune homme de 17 ans, AndrĂ© Le Moal, a Ă©tĂ© assassinĂ© le mĂȘme jour, mais Guy avait un pĂšre qui Ă©tait connu, Prosper MĂŽquet, dĂ©putĂ© communiste du Front populaire en 1936." NĂ© Ă  Paris en 1924, le jeune homme grandit dans une famille de militants. Il fait ses Ă©tudes au lycĂ©e Carnot, dans le 17e arrondissement. Mais tout bascule en octobre 1939 lorsque son pĂšre est arrĂȘtĂ© aprĂšs la dissolution du Parti communiste en raison de son soutien au pacte germano-soviĂ©tique. DĂ©chu de son mandat de dĂ©putĂ©, Prosper MĂŽquet est dĂ©portĂ© dans un camp d’internement français en son fils quitte le lycĂ©e et milite clandestinement au sein des Jeunesses communistes. Il distribue des tracts avec d'autres camarades. En octobre 1940, il est finalement arrĂȘtĂ© sur dĂ©nonciation Ă  la gare de l’Est par trois inspecteurs de la Brigade spĂ©ciale de rĂ©pression anticommuniste. InternĂ© en rĂ©gion parisienne, il est transfĂ©rĂ© Ă  la centrale de Clairvaux dans l’Aube puis, en mai 1941, au champ de Choisel Ă  ChĂąteaubriant, avec une centaine d’autres militants communistes. "Toute une mythologie se crĂ©e autour de Guy MĂŽquet", rĂ©sume Jean-Paul Le Maguet. "C’était un jeune homme trĂšs vivant, trĂšs actif, trĂšs sportif, trĂšs beau. Sa lettre est remarquable, mais il y en a eu des milliers de lettres de fusillĂ©s. Lui devient un hĂ©ros.""Une affaire mĂ©morielle"Pour Didier Guyvarc’h, il faut surtout y voir l’Ɠuvre du Parti communiste "Il a utilisĂ© la figure de Guy MĂŽquet pour mettre en avant l’aspect barbare des Allemands en jouant sur sa jeunesse et sur sa lettre. À cette Ă©poque, il y a un face-Ă -face de propagande des deux cĂŽtĂ©s." Parmi les otages de ChĂąteaubriant, il est le seul Ă  ĂȘtre citĂ© Ă  l’ordre de la Nation. Au lendemain de la guerre, son nom est attribuĂ© Ă  une rue du 17e arrondissement et une station de mĂ©tro. Un peu partout en France, des Ă©quipements municipaux et des Ă©tablissements scolaires sont baptisĂ©s en son honneur. Au fil des ans, c’est notamment son portrait qui est brandi et ses derniers mots qui sont rĂ©citĂ©s lors des cĂ©rĂ©monies. "À la carriĂšre de ChĂąteaubriant, j'ai mĂȘme vu des vieux communistes solides comme des rocs pleurer en entendant la lecture de cette lettre", se souvient Étienne Gasche. Guy Moquet est arrĂȘtĂ©, sur dĂ©nonciation le 13 octobre 1940 au mĂ©tro Gare de l'Est. Il est fusillĂ© un an plus tard Ă  17 ans. StĂ©phanie Trouillard Stbslam June 17, 2017 En mai 2007, Guy MĂŽquet se retrouve mĂȘme au cƓur d’une polĂ©mique, plus de 65 ans aprĂšs sa mort. Le prĂ©sident Nicolas Sarkozy fraĂźchement Ă©lu annonce que sa lettre sera dĂ©sormais lue dans tous les lycĂ©es de France Ă  la date anniversaire de son exĂ©cution. Cette "injonction" n’est pas du goĂ»t de tous. Certains s'Ă©tonnent qu'il fasse la part belle Ă  la mĂ©moire communiste, tandis que d'autres dĂ©noncent une tentative de rĂ©cupĂ©ration politique. Pendant plusieurs mois, le dĂ©bat est historiens Jean-Marc BerliĂšre et Franck Liaigre saisissent l'occasion pour se pencher sur la lĂ©gende qui entoure le jeune homme dans un ouvrage intitulĂ© "L’Affaire Guy MĂŽquet. EnquĂȘte sur une mystification officielle" Ă©d. Larousse. "Tout cela n’est qu’une affaire mĂ©morielle, aux antipodes de ce qui a pu ĂȘtre racontĂ©", explique Franck Liaigre. "On est trĂšs loin de la RĂ©sistance. Lorsqu’il se fait arrĂȘter en octobre 1940, le Parti communiste est dans sa phase de dĂ©fense du pacte de non-agression germano-soviĂ©tique, un pacte signĂ© en aoĂ»t 1939 qui facilite pour Hitler la conduite de la guerre. Les tracts qu’il distribue demandent Ă  arrĂȘter la guerre et dĂ©noncent des gens comme De Gaulle, qui appelle Ă  continuer le combat. On ne peut donc pas affirmer qu’il Ă©tait rĂ©sistant Ă  ce moment-lĂ  et rien ne prouve qu’il l’ait Ă©tĂ© dans le camp de Choisel."Dans les mois qui suivent, la situation change. AprĂšs l’invasion de l’URSS par l’armĂ©e allemande en juin 1941, le Parti communiste entre en rĂ©sistance et s’engage dans la lutte armĂ©e contre l’occupant. "Mais Ă  la LibĂ©ration, pour mener la bataille politique et ĂȘtre pleinement aurĂ©olĂ© de la lĂ©gitimitĂ© rĂ©sistante, il faut gommer le pacte germano-soviĂ©tique, qui est une tache Ă©norme", dĂ©crit Franck Liaigre. La figure de Guy MĂŽquet est alors toute trouvĂ©e, quitte Ă  dĂ©former la rĂ©alitĂ© "Il est arrĂȘtĂ© en octobre 1940 Ă  la suite de ses activitĂ©s clandestines mais qui ne sont en rien rĂ©sistantes. Le Parti communiste joue sur cette confusion entre actions clandestines et rĂ©sistantes afin d’affirmer qu’il est entrĂ© en rĂ©sistance dĂšs 1940, ce qui n’est pas le cas." Pour l’historien, il ne s’agit pas d’entacher sa mĂ©moire, mais de rĂ©tablir une vĂ©ritĂ© "L’enjeu n’est pas sur sa personne. C’est un drame, il est mort Ă  17 ans. Mais les faits sont les faits Ă  l’heure de son arrestation, le Parti communiste et donc Guy MĂŽquet n’étaient pas encore entrĂ©s en rĂ©sistance."Quatre-vingts ans aprĂšs, que reste-t-il de Guy MĂŽquet ? Pour Étienne Gasche, "cette mĂ©moire s’estompe peu Ă  peu", mĂȘme "s’il peut rester un sentiment d’émotion Ă  l’évocation de son nom" qui sonne "comme un repĂšre". Jean-Paul Le Maguet y voit pour sa part une figure "qui parle aux jeunes d’aujourd’hui qui dĂ©couvrent cette histoire". "Ils sont interpellĂ©s par sa jeunesse. Ils se disent qu’eux aussi ont 17 ans et se demandent ce qu’ils auraient fait Ă  l’époque", estime l’administrateur du musĂ©e de ChĂąteaubriant qui accueille chaque annĂ©e plusieurs milliers de scolaires. "Certes, j’aurais voulu vivre. Mais ce que je souhaite de tout mon cƓur, c’est que ma mort serve Ă  quelque chose", avait Ă©crit Guy MĂŽquet avant de mourir. Le voici exaucĂ©.
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lettre de guy moquet Ă  ses parents