CroyanceQue Tout Objet A Une Ame 8 Lettres. Croyance Que Tout Objet À Une Âme. Personne Qui S'est Affranchie De Toute Croyance En Quelque Dogme Que Ce Soit. Personne Qui S
Aujourd’hui, dans la lignée de mes articles sur la littérature amoureuse et érotique et ses grands mouvements, “petit” topo sur le libertinage… dont on ne connaît bien souvent que l’aspect… “charnel” ! Un grand mouvement né au XVIe s. et qui mérite, vous allez le voir, qu’on s’y intéresse ! Précisons tout d’abord pour couper court aux éventuels ragots auxquels un tel article pourrait donner vie…^^ que je ne verse pas dans le libertinage de mœurs ou autre. J Cet article s’inscrit tout simplement dans la lignée des articles prévus sur les mouvements littéraires particulièrement axés sur la question amoureuse Pléiade, Préciosité, Romantisme… et Libertinage, donc. J’ai publié mes deux premiers articles sur la Préciosité et sur Mme de La Fayette en septembre, vous pouvez les retrouver ici et là. Quitte à en surprendre certains, il faut savoir que le libertinage est, à l’origine, et avant tout, un courant intellectuel né au XVIe s. qui tire son nom du latin libertinus », terme renvoyant, dans la Rome antique, à un esclave affranchi, libéré » de l’autorité de son propriétaire. L’emphase est donc mise sur l’idée de la libération de l’homme d’un joug. Lequel ? Au sortir du Moyen-âge et en pleine Renaissance celui de la religion, bien sûr. Les premiers libertins sont donc de libres penseurs qui se sont affranchis de certaines traditions religieuses, de certains dogmes, de certaines croyances. Anticonformistes, parfois même athées et anticléricaux, ils sont évidemment fustigés par l’Eglise, qualifiés de mécréants, d’hérétiques, et leur credo, de doctrine pour putains et ruffians », selon le réformateur Guillaume Farel. Plusieurs finiront – évidemment – sur le bûcher on était encore loin – est-il utile de le rappeler ? – de la liberté de culte, de la liberté de pensée et de la liberté d’expression. Le libertinisme », comme on l’appelle alors, c’est donc d’abord une réaction contre les excès, les tabous, les interdits et l’austérité de la religion rappelons que nous sommes à l’époque du schisme protestant, donc de la naissance de cette religion réformatrice et particulièrement austère, et des guerres de religion qui en découlent avec le catholicisme bien implanté ; à l’époque aussi de l’Inquisition et de la persécution des juifs et de tout ce qu’on considère alors comme hérétique…. Un libertin est alors déiste, athée, hostile au pape, franchement anticlérical ou seulement critique à l’égard des religions révélées. Le concept évolue rapidement, au début du XVIIe s., en un mode de pensée savant qui prône une totale liberté intellectuelle et morale et qui puise ses origines dans différents courants. Il procède en effet D’une reprise des idées atomistes du philosophe grec Démocrite, tout d’abord d’après la pensée matérialiste de celui-ci, tout n’est que matière, atomes, particules. En conséquence, Dieu n’existe pas, le Paradis non plus, et la seule existence dont nous puissions jouir est l’existence terrestre – dont il convient, par extension, de profiter au maximum… D’une reprise des idées d’Epicure satisfaire ses besoins nécessaires et vitaux – physiques, y compris sexuels, mais aussi intellectuels – et se détourner les désirs superficiels, non naturels et non vitaux qui seront ensuite peu à peu transformées en préconisations hédonistes prendre du plaisir avant tout, laisser libre cours à ses passions, satisfaire tous ses désirs, laisser à ses pulsions tout l’accroissement possible. Une philosophie du bonheur qui ne sera parvenue au XVIIe s. que par l’intermédiaire des témoignages de ses disciples, ses premiers écrits – fait intéressant – ayant été intégralement détruits par les premier Chrétiens… tiens donc !. Epicure fait donc bien sûr partie des auteurs antiques appréciés des libertins mais proscrits par l’Eglise catholique de leur temps. Des idées de Lucrèce, par l’intermédiaire duquel, entre autres, la philosophie épicurienne du bonheur nous est parvenue. On lui doit également une théorie matérialiste de la création du monde sous la forme, non pas d’une œuvre divine, mais d’une pluie d’atomes un atome déviant aurait heurté les autres atomes et permis leur amalgame…. Et donc la naissance du monde qui n’aurait rien à voir avec Dieu… – théorie du Big Bang avant l’heure ? Lorsque le libertinage émerge à l’époque moderne, le bréviaire athéiste et atomiste de Lucrèce, longtemps banni et tombé dans l’oubli, vient tout juste d’être redécouvert. Du scepticisme de Montaigne – puis de Descartes au siècle suivant – et du rationalisme humaniste nés au XVIe qui, comme leur nom l’indique, recommandent de douter de tout et de passer toute information, tout savoir, toute croyance par le filtre de la raison, de l’analyse scientifique – ou du moins rationnelle – et du doute systématique. On est bien loin de l’ignorance et de la crédulité requises par le dogme religieux alors en place. Les libertins, on l’aura compris, refusent de se soumettre à des règles, à des dogmes préétablis, à l’éthique religieuse, à une morale fondée sur la vertu et les restrictions. Ce sont des érudits, des savants, des hommes de lettre, des libres penseurs, qui publient sous le manteau des écrits satiriques, cyniques, ironiques et contestataires ; qui cherchent à échapper à la censure et à la répression moyennant l’usage de doubles-sens, de codes, d’allusions, de l’anonymat et d’éditeurs clandestins ; qui prônent un savoir fondé sur la raison et l’observation et non sur la superstition ou le respect aveugle des traditions ; qui, enfin, hédonistes et matérialistes, rédigent des poèmes érotiques, des contes licencieux, s’adonnent aux plaisirs de la chair, tiennent parfois des propos obscènes et entonnent des chansons blasphématoires. Ce sont de beaux-esprits, des poètes, des incrédules, des irréligieux, des médecins, des écrivains, des mathématiciens, des penseurs ouverts et curieux, qui ont tous pour point commun d’aspirer à une plus grande tolérance et à une plus grande indépendance. Pierre Gassendi, Théophile de Viau, Cyrano de Bergerac le vrai !, figurent parmi les plus célèbres d’entre eux. Nombre de ces esprits libres souffriront des affres de la censure, de l’emprisonnement, de l’exil, voire même de la peine capitale. Le libertinage s’inscrit donc dans la mouvance de certaines philosophies grecques Démocrite, Epicure, Lucrèce, Hédonisme de l’humanisme du XVIe siècle Renaissance, un mouvement caractérisé par l’effervescence scientifique, philanthropique et philosophique, soucieux de remettre l’homme au centre des préoccupations vs. Dieu et l’Eglise, omniprésents au Moyen-âge et de faire relativiser les choses face aux découvertes de nouveaux mondes les Amériques et de nouvelles perspectives révolution copernicienne, héliocentrisme, thèses sur la pluralité des mondes ; relativisme de Montaigne… mais aussi du baroque fin XVIe XVIIe s., un courant marqué par l’excès, l’exubérance, la surcharge, l’abondance, le changement, le provisoire, l’instabilité, une conception du monde en transformation permanente et la soif de liberté. Un mouvement bien plus global que le libertinage qui ne concerne que quelques esprits particulièrement émancipés et qui concerne la société artistique et intellectuelle tout entière d’environ 1580 à 1640. Un courant marqué par le rejet de l’absolu, l’idée que rien ne dure, que rien n’est figé, immuable ou définitif, que tout change sans cesse, que tout se transforme, que tout est éphémère, que le monde est à peine en train de se construire, que la vie est éphémère, la mort inévitable et l’homme bien peu de chose. Un mouvement en conséquence marqué aussi par le goût pour l’apparence, pour l’illusion, pour l’aventure, la passion, le bruit, la fureur et les péripéties épiques, mais aussi la tolérance, la pluralité de la vérité, l’absence de règles et de lois intangibles, l’ouverture, une liberté totale d’action, l’infini des possibilités, et donc l’opportunisme. L’avidité de nouveautés, de sensations et d’expériences, la curiosité et donc l’inconstance amoureuse qui en découlent logiquement caractérisent encore l’homme baroque. Autant de traits, on le voit, que l’on retrouve dans le libertin, faisant de l’ère baroque le terreau fertile d’une philosophie libertine. Le personnage tragi-comique de Don Juan de Molière incarne parfaitement le libertin tel qu’il est alors décrit et décrié par ses détracteurs l’Eglise et la bien-pensante société en tête libre-penseur, immoral, blasphématoire, provocant, hérétique, coureur, profiteur, matérialiste et jouisseur. Certaines de ses tirades restent célèbres pour l’apologie du libertinage et de l’inconstance amoureuse qu’elles délivrent et la critique en règle de Dieu et de l’Eglise qu’elles proposent. Les propos de Don Juan sont choquants et ses mœurs dissolues. Evidemment, la caricature fait de lui un être parjure, hypocrite, égoïste et menteur en plus du reste. Don Juan est l’image même du libertin à la fois dans sa pensée, dans ses propos et dans ses mœurs et de l’homme baroque qui aime l’aventure, le changement, les rebondissements, l’éphémère, l’inconstance, l’absence de règles. Cette tragi-comédie de Molière est aux libertins ce que ses Précieuses ridicules sont à la préciosité des salons de la même époque cf. autre article y étant consacré une satire amusante et fort édifiante encore pour le lecteur du XXIe s. Evidemment, le libertinisme se retrouve particulièrement critiqué durant la seconde moitié du XVIIe s., lors du très rigoureux règne de Louis XIV, lorsque le baroque fait place aux exigences et aux règles moralistes du classicisme. On assiste alors à un retour en force des exigences de bienséance et de bon goût, et de la figure très prisée du gentilhomme et de l’honnête homme aux manières impeccables. Le libertinisme, dans un tel contexte, est, on le comprend, particulièrement mal vu et surveillé. Il se met en veille. C’est au cours de la Régence qui suit la mort de Louis XIV, puis au cours des règnes de Louis XV et de Louis XVI, très libéraux au regard du règne de fer du Roi-Soleil, que le libertinage de mœurs liberté d’aimer et liberté d’agir prend donc toute son ampleur, quand enfin l’étau se desserre. Jusque-là surtout intellectuel et moral, le libertinage revêt alors pleinement son habit sensuel, même si l’étiquette de débauché aux mœurs légères et immorales » colle à la peau du libertin bien avant le siècle des Lumières. Au XVIIIe donc, l’aspect sensuel et charnel du libertinage connaît un essor important. S’il garde toute sa philosophie d’antan, c’est sur le plan amoureux que ce courant se développe alors le plus on met en avant les jeux érotiques, la séduction, la liberté sexuelle, des pratiques alternatives, et toute une littérature romans, nouvelles, poèmes qui, entre message philosophique et divertissement osé, vont du coquin gentillet au pornographique. C’est, entre autres, le siècle des Liaisons dangereuses de Choderlos de Laclos, de l’Histoire de ma vie de Casanova et des scandales du Marquis de Sade. A noter, une différence entre les deux grands règnes de ce siècle si, sous Louis XV, le libertinage est ouvertement affiché et connaît son apogée, personne ne se cache et la débauche imprègne même le mode de vie royal, Louis XVI, puritain, tente en revanche d’imposer un retour à des valeurs plus morales, contraignant les libertins à avancer masqués ; c’est alors qu’apparaît le type du roué », ce grand séducteur qui se donne les airs d’un honnête homme, courtois et raffiné, mais qui manipule son entourage et avance dans ses projets avec une méthode scientifique et quasi militaire, et dont le personnage du vicomte de Valmont Liaisons dangereuses donne une parfait illustration. Aujourd’hui, le parallélisme entre athéisme, matérialisme et épicurisme s’est atténué ainsi que le lien étroit qui unifiait une philosophie et des mœurs. On ne retient de nos jours que l’aspect charnel et vaguement immoral du libertinage, hérité du XVIIIe. En ce qu’il bouscule la morale conventionnelle et bourgeoise de notre temps, il reste dans l’ensemble connoté péjorativement, même si la libéralisation des mœurs tout au long du XXe siècle et les cultes respectivement rendus au corps, à la nudité, à la chair, aux plaisirs physiques, à la liberté y compris amoureuse et à la consommation à outrance, de nos jours, et l’ébranlement de valeurs traditionnelles telles que le mariage, la tempérance, les contraintes et la fidélité, contribuent chaque jour un peu plus à la banalisation – ou du moins à l’acceptation – de ces pratiques, aujourd’hui plus facilement tolérées, voire admises comme faisant partie de la vie privée et des droits de chacun. Quant à son aspect littéraire, il est aujourd’hui désigné sous le terme plus neutre – d’un point de vue moral – de littérature érotique ». Des publications confidentielles et clandestines retirées de la vente pour outrage aux bonnes mœurs, et conduisant leurs auteurs à la prison, jusqu’au best-seller américain Cinquante nuances de gris de les mœurs et le goût du public ont bien changé ! 3 articles à venir pour creuser ce thème du libertinage Le Marquis de Sade – évidemment ! Casanova – évidemment bis ! Et Don Juan – évidemment ter ! Citation de Dom juan Sagnarelle son valet décrit son maître Dom Juan acte I sc. 1 SGANARELLE […] tu vois en Dom Juan, mon maître, le plus grand scélérat que la terre ait jamais porté, […] un hérétique, qui ne croit ni Ciel, ni Enfer, ni loup-garou, qui passe cette vie en véritable bête brute, un pourceau d’Epicure, un vrai Sardanapale, qui ferme l’oreille à toutes les remontrances qu’on peut lui faire, et traite de billevesées tout ce que nous croyons. […] Un mariage ne lui coûte rien à contracter, il ne se sert point d’autres pièges pour attraper les belles, et c’est un épouseur à toutes mains ; dame, demoiselle, bourgeoise, paysanne, il ne trouve rien de trop chaud, ni de trop froid pour lui ; et si je te disais le nom de toutes celles qu’il a épousées en divers lieux, c serait un chapitre à durer jusques au soir. » Citation de Dom Juan l’éloge de l’inconstance amoureuse par ce maître de la séduction acte I sc. 2 DOM JUAN Quoi ? tu veux qu’on se lie à demeurer au premier objet qui nous prend, qu’on renonce au monde pour lui, et qu’on n’ait plus d’yeux pour personne ? La belle chose de vouloir se piquer d’un faux honneur d’être fidèle, de s’ensevelir pour toujours dans une passion, et d’être mort dès sa jeunesse à toutes les autres beautés qui nous peuvent frapper les yeux ! Non, non la constance n’est bonne que pour des ridicules; toutes les belles ont droit de nous charmer, et l’avantage d’être rencontrée la première ne doit point dérober aux autres les justes prétentions qu’elles ont toutes sur nos coeurs. Pour moi, la beauté me ravit partout où je la trouve, et je cède facilement à cette douce violence dont elle nous entraîne. J’ai beau être engagé, l’amour que j’ai pour une belle n’engage point mon âme à faire injustice aux autres; je conserve des yeux pour voir le mérite de toutes, et rends à chacune les hommages et les tributs où la nature nous oblige. Quoi qu’il en soit, je ne puis refuser mon cœur à tout ce que je vois d’aimable; et dès qu’un beau visage me le demande, si j’en avais dix mille, je les donnerais tous. Les inclinations naissantes, après tout, ont des charmes inexplicables, et tout le plaisir de l’amour est dans le changement. On goûte une douceur extrême à réduire, par cent hommages, le cœur d’une jeune beauté, à voir de jour en jour les petits progrès qu’on y fait, à combattre par des transports, par des larmes et des soupirs, l’innocente pudeur d’une âme qui a peine à rendre les armes, à forcer pied à pied toutes les petites résistances qu’elle nous oppose, à vaincre les scrupules dont elle se fait un honneur et la mener doucement où nous avons envie de la faire venir. Mais lorsqu’on en est maître une fois, il n’y a plus rien à dire ni rien à souhaiter; tout le beau de la passion est fini, et nous nous endormons dans la tranquillité d’un tel amour, si quelque objet nouveau ne vient réveiller nos désirs, et présenter à notre cœur les charmes attrayants d’une conquête à faire. Enfin il n’est rien de si doux que de triompher de la résistance d’une belle personne, et j’ai sur ce sujet l’ambition des conquérants, qui volent perpétuellement de victoire en victoire, et ne peuvent se résoudre à borner leurs souhaits. Il n’est rien qui puisse arrêter l’impétuosité de mes désirs je me sens un cœur à aimer toute la terre; et comme Alexandre, je souhaiterais qu’il y eût d’autres mondes, pour y pouvoir étendre mes conquêtes amoureuses. » Tagged analyse littéraire, culture littéraire, époque moderne, érotisme, histoire littéraire, libertinage
SelonKant, il faut distinguer l' opinion et la foi: l'opinion porte sur un objet de savoir possible (nous aurons un jour les moyens de savoir si Mars est habitée : celui qui est convaincu qu'il y a bien des Martiens émet donc une opinion) ; la foi, en revanche, porte sur des objets indémontrables (je ne pourrai jamais démontrer l'existence de Dieu ou l'immortalité de l'âme). 403 ERROR The Amazon CloudFront distribution is configured to block access from your country. We can't connect to the server for this app or website at this time. There might be too much traffic or a configuration error. Try again later, or contact the app or website owner. If you provide content to customers through CloudFront, you can find steps to troubleshoot and help prevent this error by reviewing the CloudFront documentation. Generated by cloudfront CloudFront Request ID CSkA3DEX7iBTBDQPrpH2ePVoB9QilPmTI7RA-rGRMDw3I70fO2o_Uw== Lamagie est une pratique fondée sur la croyance en l'existence d'êtres, de pouvoirs et de forces occultes et surnaturels, permettant d'agir sur le monde matériel par le biais de rituels spécifiques.
Trois réponses à une seule questionÀ la question de savoir ce qui se passe sur l'autre rivage de la mort, il existe trois réponses. La première est brève "Rien !". Soit qu'on dise que la mort est le terme définitif et qu'au-delà il ne reste rien de la personne humaine ; soit qu'on dise que nous n'en savons rien et que nous ne pouvons donc rien en dire. Totale incroyance ou prudent agnosticisme ont une chose en commun ils répondent par un chrétiens donnent une réponse plus consistante. Ils parlent de résurrection. La mort ne signifie pas la fin de l'être humain. Il continue à vivre auprès de Dieu qui l'introduit pour toujours et avec un corps glorifié dans une nouvelle vie. Tout ceci en vertu de la mort et de la résurrection du Christ, qui n'est pas resté au tombeau mais que la puissance divine a réveillé à la vie. La résurrection est cependant essentiellement différente de réveils de morts, comme ceux qui sont racontés dans les Évangiles à propos de Lazare, du jeune homme de Naïm ou de la fille de Jaïre. Celui qui ressuscite a désormais un corps immortel et vit en dehors de notre y a peu de temps, cette foi en la résurrection détenait pratiquement le monopole dans nos régions. Tout qui n'était pas entièrement athée, s'en tenait avec plus ou moins de conviction à cette foi en la vie éternelle. Ce n'est plus le cas. Des statistiques font état de 20 % de nos contemporains d'Europe qui ont une croyance différente en la réincarnation. Esquissée sommairement, cette croyance s'exprime ainsi après sa mort, l'être humain revient à la vie terrestre, mais dans un autre corps, ce processus se renouvelant un nombre de fois impossible à déterminer. Il est donc possible de "refaire sa vie".À première vue, on penserait volontiers qui peut encore, à notre époque scientifico-technique, retomber dans une croyance aussi naïve ?À la vérité, pour certains de nos contemporains, cette croyance constitue un progrès. Auparavant ils ne croyaient à rien, maintenant ils ont à nouveau la conviction qu'il y a bien quelque chose après la mort une suite de réincarnations."Désormais, je crois à l'au-delà""Longtemps, je fus matérialiste. Je croyais au succès, à la réussite, à l'argent en fin de compte. Et la vie me donnait satisfaction dans ce cadre. Je ne pensais guère à la mort. Quand il m'arrivait d'y penser, je la considérais comme un mal inévitable, sans antidote connu. S'il faut passer par elle de toute façon, alors de préférence le plus tard possible, bien sûr… Mais un jour je conversais avec un collègue et nous avons abordé des sujets métaphysiques. Vous savez ce que je veux dire les grands problèmes de la vie. Mon interlocuteur m'a dit que personnellement il croyait à la réincarnation, et il m'en a parlé. Depuis ce jour, j'ai souvent réfléchi à cette conversation. Et je suis de plus en plus persuadé que l'idée de réincarnation repose sur des bases solides. Comment s'imaginer que notre vie s'arrêterait à la tombe ? Oui, désormais je crois à l'au-delà et mon horizon s'en trouve élargi. J'ai l'impression d'entrer dans le cycle grandiose de la vie. Je joue ma partition dans la grande symphonie de l'histoire humaine, histoire qui a débuté longtemps avant moi et qui continuera longtemps après moi."J'arrête ici la transcription de cette lettre d'un homme d'affaires, tout consacré à son travail, parfaitement rigoureux au plan professionnel. Il a évolué. Et sa nouvelle conviction, il lui donne le nom de "foi".Le charme de l'OrientCe qui est décrit ci-dessus est seulement la forme courante de la croyance en la réincarnation, telle qu'elle est en train de se développer dans notre monde occidental. C'est une variante assez grossière de la croyance raffinée en la réincarnation telle qu'elle est connue depuis des siècles dans l'hindouisme et le bouddhisme, chez les Grecs et plus tard au Siècle des début, l'Inde ne connaissait pas la réincarnation. La doctrine n'apparaîtra que vers 750 avant À la mort de l'homme, ne subsiste que son être le plus profond, le "soi". Celui-ci est lié par la loi du karma, c'est- à-dire, en termes simples, par la loi de la rétribution selon les œuvres. C'est pourquoi le défunt est très souvent contraint à une nouvelle vie terrestre pour laquelle son "soi" va habiter un autre corps. Le processus se renouvelle jusqu'à ce que son meilleur "soi" parvienne à se libérer entièrement. Tant que ses actes continuent à peser, il lui faut recommencer. Ici, la réincarnation n'est donc pas précisément une bonne nouvelle. Au contraire on voudra y échapper par une sagesse de plus en plus grande. Finalement l'homme espère pouvoir se perdre un jour dans la grande âme de l'univers. "Comme les eaux du fleuve disparaissent dans la mer, perdant nom et forme, ainsi le sage, libéré de son nom et de sa forme propres, entre-t-il au sein de la sagesse divine qui surpasse tout."Un peu plus tard, au VIe siècle [avant notre ère], le bouddhisme va broder sur le canevas. L'accent va se déplacer vers une spiritualité ascétique. Il n'y a d'ailleurs plus ici de "soi" ou de "moi" tout devient évanescent et nous n'existons que par un flux incessant de pensées, souvenirs, sensations, actes de volonté. Si bien qu'on peut se demander s'il s'agit encore de vraie réincarnation il n'y a plus en effet de "soi" continu qui revient à l'existence. Quoi qu'il en soit, le bouddhisme s'efforce par l'ascèse de faire taire tout désir pour s'élever à l'état de résumé, nous pouvons dire que ces deux conceptions relativisent l'existence individuelle au profit de la grande réalité cosmique. L'hindou chemine vers l'union avec la plénitude de l'être, le bouddhisme vers le nirvana. La réincarnation, tous deux la considèrent plutôt comme une malédiction, un esclavage dont il faut se débarrasser. Cette manière de voir s'écarte passablement de celle qui est courante en autre est par exemple la conception de G. Lessing 1729-1781. Il ne fait d'ailleurs pas référence à l'Orient. La nouvelle vie n'est pas une rétribution pour celle qui l'a précédée ; elle est une chance de perfectionnement, une chance d'accéder à plus d'expérience et de savoir. Chaque réincarnation constitue un pas en avant vers une perfection plus haute. La réincarnation n'est donc plus une malédiction, une punition ou un destin. C'est dans le même esprit qu'ont écrit Helena Blavatsky et plus tard Rudolf Steiner les diverses réincarnations sont un mouvement ascendant dans le processus de réalisation de soi. À chaque fois, l'être humain devient plus mûr, plus riche et plus parfait, davantage trouve à peu près la même conception dans le New Age. En effet, le New Age est d'avis que l'homme profite du mouvement ascendant du cosmos dont il est un élément. "Tandis qu'en Orient, écrit Heinz Zahrnt, le karma ressemble à un carrousel dont on descendrait volontiers, en Occident il est plutôt un escalier en colimaçon qu'on gravit allègrement" Gotteswende, 1989.De fait, en Occident, jamais la réincarnation ne fait figure de malédiction ; c'est un événement plein d'espérance qui dédramatise la mort et qui console des multiples frustrations de cette vie. Elle entre donc parfaitement dans le schéma de la foi au progrès et de la réalisation de l'aura déjà remarqué, la réincarnation n'est pas un article vendu séparément. On ne croit pas à la réincarnation sans se rallier aussi à toute une Weltanschauung très cohérente. Celle-ci propose une autre conception de Dieu, de l'homme, de l'histoire, du est indéniable que les "religions" orientales exercent une fascination sur l'Occident. Indubitablement, ce qui explique pour une bonne part le succès de la réincarnation chez nous, ce sont les contacts avec l'Asie – l'Inde en particulier. L'intégrité morale de certains de ses adeptes orientaux, leur vie exemplaire, fait grande impression sur tous ceux qui entrent en contact avec eux par les livres ou lors de voyages. Pour les Européens, il va quasi de soi qu'il faille faire crédit à l'Asie en matière de sagesse de vie. On a parfois l'impression de faire partie d'un grand "marché commun" des croyances. Le monde serait une seule "grande surface", avec self-service évidemment chacun fait son choix selon ce qui lui convient. Même certains chrétiens sont convaincus que la doctrine de la réincarnation peut être un complément bien venu pour leur foi en la a-t-il des preuves ?Ce qui passionne et à la fois convainc l'homme moderne, ce sont les faits. Aussi les partisans de la réincarnation affirment-ils nous avons des faits établis scientifiquement qui prouvent la réincarnation. Quels sont donc ces faits ?Ian Stevenson, psychiatre américain, publiait en 1979 un dossier "exhaustif" au sujet de phénomènes qui "suggèrent" la réincarnation. Il s'exprime fort prudemment quant à leur valeur de preuves. On parlerait plutôt de phénomènes qui peuvent orienter dans ce sens, d'"indicateurs".Ainsi, on relève souvent ce phénomène qui nous est survenu à chacun à un moment ou l'autre dans une situation déterminée, nous avons l'impression étrange de l'avoir déjà rencontrée ou vécue. Et il existe des cas particulièrement surprenants du phénomène. Par exemple, un homme est en train de lire un livre qu'il ne connaît pas, il reconnaît tout ce qu'il lit et peut en raconter la suite. Plusieurs de ces phénomènes s'expliquent par la para- ou métapsychologie ; on les rencontre même en psychologie ordinaire. Une perception qui se produit à un moment donné peut par exemple se fixer immédiatement dans la mémoire donnant l'impression d'un "déjà vu". C'est là quelque chose de connu. La psychiatrie, quant à elle, connaît des pathologies de la mémoire. Ou bien s'agit-il de télépathie ? Quoi qu'il en soit, s'il est vrai que des phénomènes du type "j'ai déjà vécu cela" soient scientifiquement vérifiés, il n'est pas démontré pour autant que leur seule ou vraie explication soit à chercher dans la réincarnation. Parfois, il est fait appel au cas des personnes surtout des enfants qui reconnaissent des objets qui ne leur appartiennent pas. C'est ainsi que, pour succéder au Dalaï-Lama, chef spirituel des bouddhistes [NDLR une partie des bouddhistes tibétains], on recherche un enfant qui reconnaisse spontanément certains objets ayant appartenu au Dalaï-Lama défunt ; l'enfant passe alors pour sa réincarnation. De fait, il arrive que des enfants aient des dispositions littéraires ou musicales exceptionnelles qu'ils n'ont pas pu acquérir par eux-mêmes, ou qu'ils parlent des langues étrangères. S'agit-il de transmission de pensée, de sensibilité médiumnique, de télépathie ? Ici aussi la question reste posée. Dans le même ordre d'idées, on relève des accidents morphologiques cicatrices, malformations caractéristiques de défunts, et qu'on retrouve chez des enfants. Bizarre ! Si la chose était établie scientifiquement, il faudrait peut-être chercher en direction de la somatisation, c'est-à-dire d'images ou d'émotions en provenance de la maman et exprimées dans le corps même de l'enfant. Les stigmates des saints ne sont-ils pas quelque chose d'analogue ? Toutes ces hypothèses et d'autres doivent être fait appel encore au cas de personnes qui assurent se souvenir d'un passé qui n'est pas le leur. Bien sûr, la supercherie grossière n'est jamais exclue. Mais même si ce n'était pas le cas, d'autres hypothèses explicatives que la réincarnation pourraient être avancées. Il n'est par exemple pas totalement exclu que des défunts puissent influencer des ces "indicateurs", concluent certains, forment une base expérimentale valable pour la doctrine de la réincarnation celle-ci serait démontrée par les semble-t-il, aller vite en besogne. Quelques observations. D'abord, tous ces "faits" sont-ils bien des faits établis scientifiquement ? Ensuite, est-il exclu a priori que para- et métapsychologie puissent encore beaucoup progresser dans l'élucidation de ces "faits" ? Enfin, la doctrine de la réincarnation ne peut revendiquer le statut d'explication scientifique. La réincarnation est une interprétation, non une constatation. Par ailleurs, si elle est un modèle d'explication, d'autres modèles sont tout aussi possibles. Il n'existe pas de conclusion contraignante en faveur de la réincarnation et la vision cosmique du mondeParallèlement à ces "faits établis", on évoque souvent la correspondance profonde entre la réincarnation et une vision globalisante de l'homme et du cosmos. La réincarnation s'inscrit, dit-on, merveilleusement dans les rythmes de vie de l'univers. Il existe en effet dans l'univers un cycle grandiose de vie et de mort, de renaissance et de déclin. La mort d'un être signifie la vie d'un autre. L'univers est une suite de causalités enchaînées, de structurations et déstructurations toujours nouvelles. Pourquoi en irait-il autrement de l'être humain, alors que manifestement il n'est qu'un élément de l'univers ?La théorie ne manque pas d'allure. Mais quel est le sens de ma vie actuelle dans cette perspective ? Mes actes, ont-ils ou non une valeur unique et définitive ?Et la BibleLa Bible ne tient pas compte de la réincarnation ; même, elle l'ignore manifestement. Au moment où la tradition biblique commence à approfondir la notion de responsabilité personnelle de l'individu par exemple chez le prophète Ézéchiel, elle n'est pas du tout tentée par la croyance à la réincarnation. Au contraire. À la question de savoir comment assumer un passé chargé et supporter le poids de ses fautes, ce n'est pas une nouvelle chance à l'occasion d'une nouvelle vie qui est avancée, mais bien le don gratuit d'un nouveau cœur et d'un nouvel esprit de la part de Dieu. Car c'est Dieu qui vient sauver l'homme ; le salut n'est pas un travail d' dit biblique en faveur de la réincarnation, auquel on revient toujours, est celui du prophète Élie, dont on attend le retour cf. Ml 3, 23 ; Si 48, 1-11. Les Évangiles également font allusion à cette attente du retour d'Élie. Ainsi, dans Matthieu, nous lisons comment les disciples demandent à Jésus "Que disent donc les scribes, qu'Élie doit venir d'abord ? Jésus répondit Oui, Élie doit venir et tout remettre en ordre ; mais je vous le dis, Élie est déjà venu, et ils les scribes ou les chefs ne l'ont pas reconnu, mais l'ont traité à leur guise. Alors les disciples comprirent que ses paroles visaient Jean-Baptiste" Mt 17, 10-12.Il peut avoir existé à l'époque des groupes qui pensaient plus ou moins à une réincarnation. Peut-être l'entourage d'Hérode qui craignait que Jean ou Élie ne soit revenu en la personne de Jésus. La comparaison avec d'autres textes du Nouveau Testament montre cependant que dans le cas du "retour" d'Élie en la personne de Jean, il s'agit d'un concept "fonctionnel" Jean remplit maintenant la fonction prophétique qu'Élie avait assumée dans le temps. La réincarnation serait d'ailleurs en contradiction avec la foi manifeste en la résurrection qui est celle du Nouveau Testament. On ne voit pas comment elles pourraient coexister dans une même tradition aux expressions "renaître d'en haut", "renaissance", "nouvelle naissance", qu'on trouve chez Jean et Paul, il va de soi qu'elles ont un sens tout autre que celui de réincarnation il est question d'une vie nouvelle inaugurée par une conversion spirituelle, par la foi en Jésus et par une soumission confiante mais radicale à Dieu. Toute cette "renaissance" se situe d'ailleurs durant la présente vie terrestre, pas après la provient donc l'attirance exercée par la réincarnation ?Comment se fait-il donc que la réincarnation soit devenue si populaire chez nous ?Manifestement, une fissure s'est produite dans le cynisme glacial de l'ère positiviste. On ne se satisfait plus d'accepter en toute quiétude que tout se termine au cimetière ou lorsque les cendres ont été dispersées. Le vide n'est pas une réponse. "Il n'est tout de même pas possible qu'il ne reste rien d'un être humain !"Certes, la foi en la résurrection apporte sa réponse "Il y a quelque chose au-delà de la mort". Seulement, aux yeux de beaucoup, la foi en la résurrection met le défunt à une trop grande distance de nous un jour il ressuscitera ! Mais ce "jour" est si lointain. La réincarnation au contraire rapproche le défunt de nous de nouveau, il appartient à notre monde ; il est très près de nous. Et de nouveau, nous pouvons faire quelque chose pour lui."Quand la voix des bergers se fait hésitante…"Autre considération avancée "À l'Église, on nous parle si peu de la vie après la mort et de la résurrection. C'est à se demander si l'Église elle-même en est encore tellement sûre. Où prêche-t-on encore sur ces sujets ? Et quand on le fait, on complique les choses. Autrefois, on disait simplement après la mort, on est jugé et on va au ciel, au purgatoire ou en enfer, selon ses œuvres. Cela avait au moins le mérite de la clarté. Actuellement, on dit que tout cela est beaucoup moins clair, car il faut tenir compte des 'genres littéraires' dans les Évangiles." Il est vrai que l'Église est probablement trop silencieuse sur ce point. En tout cas, les propagandistes de la réincarnation, eux, sont très clairs dans leur de justice ?Une autre réflexion encore "Autour de nous, le monde est plein de malchance, d'injustice. Ces situations exigent tout de même des solutions. Bien trop de gens ne connaissent ici-bas qu'une existence diminuée sans un atome de bonheur ; ils sont privés de toute estime et de tout amour. S'il n'y a pas d'autre vie où tout cela est compensé, on ne peut parler que de criante discrimination." Si un chrétien s'avise de répondre que, de fait, Dieu remédie au déséquilibre dans l'au-delà, on peut lui rétorquer tranquillement "Peut-être oui, mais ce n'est pas la même chose. C'est le bonheur ici sur terre que ces malheureux n'ont pas connu. C'est ici qu'est leur souffrance, c'est ici aussi que doit venir la consolation notamment dans une nouvelle vie ici sur terre…" La réincarnation s'impose donc !Il faut dire que la réincarnation offre également une explication plutôt satisfaisante du problème du mal ainsi que de la souffrance de l'innocent. Il n'est tout de même pas possible que quelqu'un souffre sans qu'il y ait faute de sa part et que cette souffrance provienne de Dieu. Du diable alors ? Peut-être. Mais cette explication n'est-elle pas un peu facile ? La solution la plus plausible ne serait-elle pas que l'innocent souffre pour des actions mauvaises commises dans ses vies antérieures ? Il les expierait et les ?La doctrine de l'enfer est aussi une fameuse pierre d'achoppement. "Réfléchissez donc, disait un jeune, aller en enfer pour un seul péché mortel… Qui peut imaginer cela ? D'ailleurs une punition éternelle est impensable. Dieu est plus grand que ce que certains ont voulu faire de Lui Il est amour. Il ne peut pas punir éternellement. Admettons d'ailleurs que quelqu'un soit passible de l'enfer. Dieu ne se fera-t-il pas encore plus de souci à son sujet ? Il l'aimera plus que les autres, justement pour lui éviter d'aboutir à l'enfer.""Une seule vie, c'est beaucoup trop court !"Encore une réflexion souvent entendue "Une seule vie, c'est beaucoup trop court." Les jeunes sont particulièrement sensibles à ce genre de réflexion il y a trop de choses à découvrir, trop de valeurs à vivre, trop de bonheur à connaître, pour réaliser tout cela dans le cadre d'une seule vie. Rudolf Steiner qui défend une forme plus affinée de croyance à la réincarnation fait aussi une réflexion de ce genre "Ce que l'homme ne peut être lors d'une seule incarnation, il peut le devenir au cours de l'évolution de la civilisation humaine". Et que penser des hommes primitifs qui ont achevé leur existence dans un état de développement plus que sommaire ? "Peut-on vraiment accepter que, pour eux, tout soit fini après une seule vie, sans qu'ils aient pu approcher même de loin les trésors de la science humaine, du progrès et de la culture ?" Ne méritent-ils pas un temps de vie meilleur et plus long ?Aux yeux de certaines personnes, la réincarnation est une manière de conjurer l'angoisse de la mort. "Puisque la mort n'est jamais définitive, il n'y a pas de lieu de la redouter." Cependant, pour d'autres, il en va autrement la croyance en la réincarnation leur apporte un réel approfondissement du sens de la responsabilité. Celui qui a fait les quatre cents coups dans une vie antérieure, devra tout réparer lui-même plus tard. Pas d'échappatoire possible, pas de grâce, pas de pardon. Une telle perspective développe normalement le sens de la ces différentes réflexions, il y en a finalement encore une, digne d'intérêt, qui concerne la société et la coexistence. Par-delà toutes les barrières, la réincarnation tisse entre les hommes tout un réseau de relations de famille secrètes. "La foi en la réincarnation, a dit l'actuel Dalaï-Lama, devrait susciter un amour universel puisque, au long de leurs innombrables vies, la nôtre comprise, tous les êtres vivants sont les parents, enfants, frères et soeurs ou amis que nous avons chéris." Celui qui est conscient de cette réalité, est inaccessible à la violence, à la guerre, aux discriminations, au réincarnation et le retour du religieuxIl y a aussi le charme de certains symboles qui représentent la vie la roue qui tourne, les perles d'un collier qu'on enfile, la nouvelle robe qu'on revêt, l'éclosion du printemps, le cycle des saisons, voilà du matériel imaginaire qui nourrit la réflexion sur la vie après la mort. "Le soir, pour vous coucher, vous vous déshabillez. Un à un vous enlevez vos vêtements. C'est le symbole de la mort… La réincarnation est la démarche inverse. Le matin, c'est le retour de l'homme sur la terre, la naissance de l'enfant. On reprend ses vêtements, le tricot, la chemise, la veste" Jean Vernette, Réincarnation - Résurrection, 1989, p. 72-73. C'est aussi simple que toute façon, la vogue de la réincarnation prend place dans le mouvement de retour au religieux. Elle permet de parler de l'autre côté de la mort d'une manière moins rigide et figée que le dogme chrétien de la résurrection ; elle dédramatise la mort "vous aurez d'autres chances". Elle cadre avec la conviction générale que le présent doit être expliqué par le passé et non à partir d'un avenir hypothétique comme la la croyance en la réincarnation est souple. On y croit, mais souvent sans trop s'engager. Chez un très grand nombre d'adeptes, la croyance en la réincarnation se situe quelque part entre foi dogmatique et simple hypothèse "Sait-on jamais que ce soit vrai ? De toute façon, cela ne peut pas faire de mal."La résurrectionVis-à-vis de la "loi cosmique" de la réincarnation, la foi chrétienne avance manifestement tout autre chose la promesse de Dieu que, tous, nous ressusciterons. Sans doute n'est-il pas inutile d'esquisser d'abord les grands traits de notre foi en la résurrection pour mettre en lumière les principales différences avec la foi en la ressusciterons tous personnellementAprès cette vie terrestre - qui est unique et ne se reproduit pas - Dieu nous ressuscitera, chacun personnellement, comme Il l'a fait pour son Fils. Car Il nous aime chacun individuellement, et tous nous portons à ses yeux un nom unique. Nous ne sommes pas une perle au collier de renaissances se reproduisant sans cesse pour sans cesse aboutir à la mort. La mort a été vaincue par le Christ une fois pour toutes. Aussi sommes-nous libérés de la mort et de toute Christ a brisé la dure loi du karmaCette loi dit que rien ne reste sans récompense ou châtiment, que nous sommes personnellement redevables de tout. Le Christ proclame d'abord la loi de l'amour et du pardon. Nous ne devrons pas payer tout nous-mêmes au centime près. Par sa passion, c'est le Seigneur qui a "payé" pour nous. Sans doute, sommes-nous appelés à une perfection toujours plus grande, mais pas par le moyen de réincarnations successives ; uniquement par notre fidélité dans les limites de notre unique existence de sauvés par notre corpsNotre corps est unique ; il n'est pas un vêtement qu'on peut échanger pour un autre. Il est tout autant objet de l'amour de Dieu que le noyau spirituel de notre être que nous appelons communément âme. L'amour de Dieu nous prend entièrement en compte corps et esprit. Et notre corps est unique. La résurrection n'est pourtant pas une réanimation ou un retour à l'intérieur du temps terrestre ; ressusciter, c'est entrer dans une vie nouvelle avec tout ce que nous sommes, notre corps compris, pour ne plus jamais la fin des tempsLa résurrection sera achevée quand prendra fin l'histoire terrestre de tous les hommes. Alors seulement le bilan sera complet. Ce sera un événement collectif. La résurrection universelle n'est pas addition de nirvanas individuels, c'est tout un peuple qui se lèvera. Le soi-disant intervalle de temps entre notre mort et cette résurrection générale collective est une manière défectueuse de penser il n'existe que de notre point de vue de terriens. Dans la perspective divine, le temps n'existe pas. Mais nous, nous ne pouvons penser que de façon temporelle. Encore que nous devions tenir pour des "moments" distincts notre comparution individuelle devant Dieu et le jugement dernier, cette distinction ne consiste pas en une différence de ici-bas nous pouvons travailler activement à notre vie éternelleLa vie de ressuscité est déjà anticipée et préparée ici. Notre vie ne revient pas à prendre place avec résignation dans un cycle de réincarnations imposées. La vie chrétienne, c'est un engagement décidé aujourd'hui qui plus tard débouchera sur une vie glorifiée alors notre personnalité trouvera son plein épanouissement, elle ne s'éteindra y a une communion des saintsIl existe un lien entre les vivants et les morts, lien que nous appelons "communion des saints". Ce lien n'est pas à comprendre dans le sens de la réincarnation comme si les vivants autour de nous et nous-mêmes n'étions que des morts-avec-de-nouveaux-noms. Il n'est pas à confondre non plus avec une irruption de défunts dans notre monde comme dit le spiritisme, ni avec la possession d'un vivant par un mort vaudou. Il s'agit d'une solidarité fondée sur la médiation du Christ, "Le Seigneur des vivants et des morts".Un choix nécessaireOn aura déjà constaté combien tout ceci est loin de la réincarnation. Il faudra donc choisir. Ce qui n'implique aucun dédain pour ceux qui pensent devoir croire à la réincarnation. Elle est une doctrine ancienne qui a ses lettres de noblesse et qui pose de bonnes questions. Les faits sur lesquels elle s'appuie ne sont pas certains, mais pas impossibles non plus. Il s'agit en réalité d'un genre de "foi". La croyance en la résurrection, elle aussi, est une adhésion personnelle, une foi. Il y a des faits qui rendent raisonnable notre adhésion, mais eux non plus ne démontrent pas la résurrection de façon rationnelle et absolue. Nous voudrions précisément vérifier maintenant qu'il existe de fait des bases solides pour la foi en la résurrection, que nous ne croyons donc pas sans de bonnes raisons. …
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Malègue, Augustin ou le Maître est là,t. 2, 1933, p. Rien n'est plus caractéristique, à ce point de vue, que les raisons pour lesquelles il [Baudelaire] condamne les perceptions obtenues par le haschich. Les unes tiennent à son sens du péché et au drame du salut où s'inscrit toute sa vie spirituelle; elles intéressent l'histoire de son âme. A. Béguin, L'Âme romantique et le rêve,1939, p. sara, se levant toute droite et les mains jointes. − Mon âme magnifie le Seigneur, parce qu'il m'a fait des choses grandes! P. Claudel, L'Histoire de Tobie et de Sara,1940, III, 1, p. Dieu s'épuise, à travers l'épaisseur infinie du temps et de l'espèce, pour atteindre l'âme et la séduire. ... alors Dieu en fait la conquête. Et quand elle est devenue une chose entièrement à lui, il l'abandonne. Il la laisse complètement seule. Et elle doit à son tour, mais à tâtons, traverser l'épaisseur infinie du temps et de l'espace, à la recherche de celui qu'elle aime. C'est ainsi que l'âme refait en sens inverse le voyage qu'a fait Dieu vers elle. Et cela, c'est la croix. S. Weil, La Pesanteur et la grâce,1943, p. Quand les livres pieux soutiennent que le péché tue l'âme, que veulent-ils dire? Ces mots sont vides de sens. Il y a de très grands pécheurs qui ont le sentiment de la présence de Dieu. Comment l'auraient-ils si l'âme était morte? Non, me dit un religieux. L'âme n'est pas morte. C'est une façon de parler inexacte, mais le péché crée un obstacle, et cet obstacle Dieu l'abat quand il lui plaît. » J. Green, Journal,1948, p. En chaque âme Dieu aime et sauve partiellement le monde entier, que cette âme résume d'une manière particulière et incommunicable. P. Teilhard de Chardin, Le Milieu divin,1955, p. ... je priais longtemps, la tête dans mes mains; souvent pendant la journée, j'élevais mon âme à Dieu. S. de Beauvoir, Mémoires d'une jeune fille rangée,1958, p. Syntagmes une âme religieuse, chrétienne, pieuse; sauver, perdre son âme. ,,Une âme régénérée par le baptême. Une âme rachetée par le sang de Jésus-Christ. Âme sanctifiée, illuminée par la grâce.`` Ac. 1835-1878.− Charge d'âmes♦ Avoir charge d'âmes[Le suj. désigne un homme d'Église] Avoir la responsabilité de la vie spirituelle des fidèles, du salut de leur âme 8. ... en dehors de l'action exercée sur chaque fidèle par le prêtre ou le confesseur qui a pris charge de son âme, le principal stimulant de la religion, celui qui opère sur les masses, est le sermon. Le sermon se fait à l'église ... E. Faral, La Vie quotidienne au temps de saint Louis,1942, p. anal. Avoir la responsabilité matérielle et/ou morale d'une ou de plusieurs personnes 9. ... il s'interroge avec sévérité et recueillement sur la portée philosophique de son œuvre; car il se sait responsable, et il ne veut pas que cette foule puisse lui demander compte un jour de ce qu'il lui aura enseigné. Le poète aussi a charge d'âmes. V. Hugo, Lucrèce Borgia,1833, p. ... ce soir, il avait charge d'âme un être fragile, infiniment précieux, lui était confié. R. Martin du Gard, Les Thibault,L'Été 1914, 1936, p. 555.♦ Vx. Bénéfice à, avec charge d'âmes. ,,Celui dont le titulaire est obligé à résidence, et chargé de travailler en personne au salut des âmes qui lui sont confiées. Les évêchés, les cures sont des bénéfices avec charge d'âmes.`` Ac. Compl. 1842.Rem. Également ds Ac. 1835 et 1878, ainsi que ds Besch. 1845.♦ Sur mon âme. Formule de serment. Sur mon salut Attesté ds les dict. du Principe spirituel opposé au corps soumis aux instincts et instrument de corruption 11. Quand le fils de l'homme reviendra sur terre, pensez-vous qu'il y trouve la foi? » L'âme est enlisée dans la chair. J. Green, Journal,1942, p. Finissons donc de nous défaire de ce curieux préjugé que tout ce qui est de l'âme est profond et divin, tout ce qui est du corps, superficiel et bestial. Freud a montré que les profondeurs » de l'âme abritent aussi les tendances les plus primitives et les plus bestiales, ... On aime à se rappeler en psychologie le mot surprenant et si contraire au lieu commun moral, de maître Eckart, que l'âme a été donnée au corps pour qu'elle soit purifiée. E. Mounier, Traité du caractère,1946, p. Ce n'était pas sa faute s'il la voulait. Son corps d'homme la voulait, mais le corps menait en enfer si on lui cédait. Ce que voulait son corps, son âme ne le voulait pas. Lui aussi, comme saint Paul, avait une écharde dans la chair, et l'ange de Satan le souffletait. J. Green, Moïra,1950, p. 221.− P. méton. [Pour désigner une pers.] Sainte âme, âme dévote, âme chrétienne. ,,C'est une sainte âme, une bonne âme.`` Ac. 1835-1878. 2. Ce même principe en tant qu'il est immortel et survit après la mort.− Dans la relig. chrét. 14. Les pères ont été de différentes opinions sur l'état immédiat de l'âme du juste, après sa séparation d'avec le corps. ... S[aint] Bernard croit qu'elle est reçue dans le ciel, où elle contemple l'humanité de J. C., mais non sa divinité, dont elle ne jouira qu'après la Résurrection; dans quelques autres endroits de ses sermons, il assure qu'elle entre immédiatement dans la plénitude du bonheur céleste; et c'est le sentiment que l'Église paroît avoir adopté. ... la religion nous enseigne que celui qui nous tira de la poussière, nous en rappellera une seconde fois, pour comparoître à son tribunal. L'école stoïque croyoit, ainsi que les Chrétiens, à l'enfer, au paradis, au purgatoire, et à la résurrection des corps... de Chateaubriand, Génie du Christianisme,t. 1, 1803, p. − Enfer et paradis! − Cris de désespoir! Cris de joie! − Blasphèmes des réprouvés! Concerts des élus! − Âmes des morts, semblables aux chênes de la montagne déracinés par les démons! Âmes des morts, semblables aux fleurs de la vallée cueillies par les anges! A. Bertrand, Gaspard de la nuit,1841, p. À propos de l'enfer, il me disait qu'il le croyait à peu près vide, mais que la peur de l'enfer avait aidé beaucoup d'âmes à se libérer. Selon lui, à la seconde où l'âme se détache du corps, dans ce grand déchirement de l'être, il y aurait un lumière vive et subite et dans cette seconde d'éblouissement, l'âme aurait à faire son choix entre Dieu et le mal. J. Green, Journal,1941, p. Il se crut aveugle, déjà mort. ... Il recommanda son âme à Dieu, légua quelques petites sommes d'argent à divers couvents pour célébrer des messes pour le repos de son âme, ... J. Guéhenno, Jean-Jacques,En marge des Confessions », 1948, p. Syntagmes l'immortalité, la survivance, la destinée de l'âme; les âmes des trépassés; invoquer les âmes des morts; prier pour le repos, pour le salut de l'âme de qqn.♦ Loc. Devant Dieu soit son âme! Dieu veuille avoir son âme! Dieu ait son âme! ♦ Vx. Fête des âmes, jour des âmes. ,,Fête que l'Église célèbre annuellement le 2 novembre pour le repos de l'âme des fidèles défunts.`` Besch. 1845. ♦ Les âmes du purgatoire; les âmes bienheureuses celles qui sont au paradis; les âmes damnées les âmes condamnées à subir les peines de l'enfer 18. La communion est bonne aux bons et mauvaise aux mauvais. Ainsi les âmes damnées sont au paradis, mais pour elles le paradis est enfer. S. Weil, La Pesanteur et la grâce,1943, p. péj. Être l'âme damnée de qqn. Lui être dévoué corps et âme dans le mal et accomplir aveuglément tout ce qu'il ordonne même lorsqu'on le réprouve; mod., exercer une mauvaise influence sur quelqu'un, le pousser dans la voie du mal 19. Bientôt le ministre favori est sacrifié. Ses collègues sont renvoyés; à leur place, sont installées des âmes damnées de la cour; et le monarque, poussé hors de son caractère pacifique, prend le ton d'un despote... Marat, Les Pamphlets,Nouvelle dénonciation contre Necker, 1790, p. Du Peyrou devait bien prendre garde à ne pas se fier à Coindet, non plus qu'à Mmede Verdelin. Coindet était un fat et l'âme damnée de Mmede Verdelin... J. Guéhenno, Jean-Jacques,Grandeur et misère d'un esprit, 1952, p. Canada. Criée pour les âmes. ,,Vente à l'enchère dont le produit est employé à faire dire des messes pour les âmes du purgatoire.`` Canada 1930. ♦ Vendre, donner son âme au diable, au démon. Au Moyen-Âge. Conclure avec le diable un pacte selon lequel il accorde certains privilèges pendant la vie terrestre science, jeunesse, puissance surnaturelle... en échange de la possession et de la damnation éternelle de l'âme 21. Il y avait une fois un homme qui vendit son âme au diable, et grâce à ses enchantements il gagna en retour le cœur d'une jeune fille. Et maintenant, gagné par la pureté de son amour, il crut que par cet amour il serait sauvé et briserait le piège, − mais il comprit combien le diable était plus fort... J. Gracq, Un Beau ténébreux,1945, p. péj. Vendre son âme au diable. Aliéner sa liberté, sa dignité... en échange de quelque chose 22. Souvenons-nous de Melmoth, cet admirable emblème. Son épouvantable souffrance gît dans la disproportion entre ses merveilleuses facultés, acquises instantanément par un pacte satanique, et le milieu où, comme créature de Dieu, il est condamné à vivre. ... tout homme qui n'accepte pas les conditions de la vie, vend son âme. Il est facile de saisir le rapport qui existe entre les créations sataniques des poëtes et les créatures vivantes qui se sont vouées aux excitants. L'homme a voulu être Dieu, et bientôt le voilà, en vertu d'une loi morale incontrôlable, tombé plus bas que sa nature réelle. C'est une âme qui se vend en détail. Ch. Baudelaire, Paradis artificiels,Morale, 1860, pp. Encore ne faut-il pas les confondre avec la décadence profonde d'une époque où tant d'hommes sont prêts, pour ne pas mourir, à vendre leur âme, leur corps et leur honneur, et parfois l'âme, le corps et l'honneur d'autres qu'eux-mêmes. E. Mounier, Traité du caractère,1946, p. 136.− Selon d'autres croyances 24. ... ce bonze japonais à la robe jaune, à la tête nue, prêche l'éternité des ames, leurs transmigrations successives dans divers corps... de Volney, Les Ruines,1791, p. ... certains sauvages de l'Afrique croient à l'immortalité de l'âme. Sans prétendre expliquer ce qu'elle devient, ils la croient errante, après la mort, dans les broussailles qui environnent leurs bourgades, et la cherchent plusieurs matinées de suite. Ne la trouvant pas, ils abandonnent cette recherche, et n'y pensent plus. C'est à peu près ce que nos philosophes ont fait, et avaient de meilleur à faire. Chamfort, Maximes et pensées,1794, p. Ce philosophe, et Platon après lui, enseignerent que les ames de ceux qui avaient mal vécu, passaient, après leur mort, dans des animaux brutes, afin d'y subir, sous ces diverses formes, le châtiment des fautes qu'ils avaient commises, jusqu'à ce qu'elles fussent réintégrées dans leur premier état. Ainsi la métempsycose était une punition des dieux. Dupuis, Abrégé de l'origine de tous les cultes,1796, p. Son spiritualisme MmeDambreuse croyait à la transmigration des âmes dans les étoiles ne l'empêchait pas de tenir sa caisse admirablement. G. Flaubert, L'Éducation sentimentale,t. 2, 1869, p. 240.♦ Le pays des âmes. ,,Le séjour des morts.`` Lar. 19eet Nouv. Lar. ill.. ♦ MYTH. GR. Les âmes en peine. Les âmes des morts non ensevelis, condamnées à errer sur les bords du Errer en proie à un ennui, une solitude, une inquiétude... que l'on ne sait comment rompre ou tromper 28. Je me sens si peu en paix avec moi-même − tout désaccordé. Hier, aux heures chaudes de l'après-midi, je me suis surpris errant comme une âme en peine dans les couloirs de l'hôtel, incapable de trouver le lieu de mon repos. J. Gracq, Un Beau ténébreux,1945, p. PHILOS. Âme du monde, âme de l'univers, âme universelle. Principe, de conception différente suivant les auteurs, qui anime l'univers; en partic., principe ayant les attributs de la divinité, Dieu 29. ... comme ils appelaient dans les animaux le principe vital et moteur, une ame, un esprit; et comme ils raisonnaient sans cesse par comparaison, surtout par celle de l'être humain, ils donnèrent au principe moteur de tout l'univers le nom d'ame, d'intelligence, d'esprit; et Dieu fut l'esprit vital qui, répandu dans tous les êtres, anima le vaste corps du monde. de Volney, Les Ruines,1791, p. Cléanthe, qui regardait l'univers comme Dieu ou comme la cause universelle et improduite de tous les effets, donnait une ame et une intelligence au monde, et c'était à cette ame intelligente qu'appartenait proprement la divinité. Dupuis, Abrégé de l'origine de tous les cultes,1796, p. Des Égyptiens qui instruisirent Pythagore jusqu'à Leibnitz, et de l'Inde aux Gaules, l'ame universelle fut reconnue par les Zenon, les Orphée, les Zoroastre, les Marc-Aurèle, par les mages et les druides. Nombre d'hypothèses qui semblent opposées entre elles, n'en sont que des interprétations différentes; ... le dieu de Newton, toute action, sentiment, intelligence, et le dieu des chrétiens, par-tout présent et par-tout actif, ne sont que l'ame universelle. On ne peut expliquer que par-là les ames humaines, et le principe général qui anime les êtres organisés. É. de Senancour, Rêveries,1799, p. Platon prétendoit que la divinité a arrangé le monde, mais qu'elle n'a pu le créer. Dieu, dit-il, a formé l'univers d'après le modèle existant de toute éternité en lui-même. Les objets visibles ne sont que les ombres des idées de Dieu, seules véritables substances. Dieu fit en outre couler un souffle de sa vie dans les êtres. Il en composa un troisième principe à-la-fois esprit et matière, et ce principe est appelé l'ame du monde. de Chateaubriand, Génie du Christianisme, t. 1, 1803, p. Salut, principe et fin de toi-même et du monde, Toi qui rends d'un regard l'immensité féconde; Ame de l'univers, Dieu, père, créateur, Sous tous ces noms divers je crois en toi, Seigneur; ... A. de Lamartine, Méditations poétiques,La Prière, 1820, p. 157.− Dans un cont. panthéiste ou poétique 34. Heureux donc mille fois le sage qui, s'élevant au-dessus de la fange des passions humaines, ... n'étudie que l'histoire du ciel, ... jusqu'à ce que, accablé de vieillesse, ... il exhale et rejoigne à l'âme universelle cette portion qui lui en était échue en partage et que son corps emprisonnait. A. Chénier, Épîtres,Épîtres à Bailly, 1794, p. − Ah! bonne terre, prends-moi, toi qui est la mère commune, l'unique source de la vie! toi l'éternelle, l'immortelle, où circule l'âme du monde, cette sève épandue jusque dans les pierres, et qui fait des arbres nos grands frères immobiles! ... Oui, je veux me perdre en toi, c'est toi que je sens là, sous mes membres, m'étreignant et m'enflammant, c'est toi seule qui seras dans mon œuvre comme la force première, le moyen et le but, l'arche immense, où toutes les choses s'animent du souffle de tous les êtres. É. Zola, L'Œuvre,1886, p. ... je me vois sous les rameaux d'or de l'Éden assis auprès d'elle et servi par les esprits obéissants. En m'unissant à une autre femme, je craindrais de prostituer et de dissiper l'âme du monde qui palpite en moi ». Palpitation d'une âme universelle, divine sous une apparence d'homme, et mariée depuis l'éternité d'avant le monde à l'âme réapparue sous une apparence de femme! Durry, Gérard de Nerval et le mythe,1956, p. Principe immanent à l' [Dans les conceptions relig. de l'homme]1. En partic., RELIG. CHRÉT. Principe de vie et de pensée, attribué parmi tous les êtres à l'homme seul et qui, uni au corps, constitue l'être humain vivant 37. Hommes pieux, ...; faites-nous comprendre ce que sont ces êtres abstraits et métaphysiques que vous appelez Dieu et ame, substances sans matière, existence sans corps, vies sans organes ni sensations. ... Alors il s'éleva entre les théologiens une grande controverse sur Dieu et sur sa nature; sur sa manière d'agir et de se manifester; sur la nature de l'ame et son union avec le corps; sur son existence avant les organes, ou seulement depuis leur formation; sur la vie future et sur l'autre monde; et chaque secte, chaque école, chaque individu, différant sur tous ces points, ... ils tombèrent tous dans un labyrinthe inextricable de contradictions. de Volney, Les Ruines,1791, p. Cela n'a point empêché que les textes que nous venons de rappeler, en particulier ceux de saint Paul, n'aient été invoqués plus d'une fois en faveur de la trichotomie ou doctrine qui regarde l'homme comme composé de trois principes le corps, le principe vital et l'esprit. ... Cependant elle [cette théorie] ne fut pas longtemps tolérée par l'Église. ... Le concile d'Éphèse et le cinquième concile général tenu à Constantinople déclarèrent que le Christ avait pris une chair animée par une âme raisonnable; le concile de Vienne définit que l'âme raisonnable anime le corps, .... Bible1912, col. ... la question se pose de savoir quelle est la relation de l'âme aux idées l'âme étant conventionnellement définie comme sujet de ce devenir, de cette création de soi qui est l'esprit; l'âme serait en quelque sorte la matière de l'esprit, ce que l'esprit trouve en soi. L'âme apparaît ici comme la base du vouloir, l'esprit comme l'unité transcendante et achevée du vouloir ou encore comme une fin idéale qui se veut elle-même et par suite s'affirme comme réelle l'âme ne serait donc qu'un moment abstrait de ce complexe dynamique et autonome qui est l'esprit, ce moment abstrait étant seul d'ailleurs pensable comme corrélatif du corps, ou de la machine physique. G. Marcel, Journal métaphysique,1914-1923, p. Dieu qui pour illuminer l'argile et la rendre capable du paradis et de l'enfer. Y a joint, hors du temps et du lieu par elle-même, mais dans un rapport substantiel avec notre chair, Cette âme connaissante en nous qui fait le corps, ainsi qu'un appareil de désir Continuellement occupé à respirer pour ne pas mourir, Permit, à cause du péché antique dans l'Éden, que ce feu inextinguible Restât, pendant que nous rongeons la vieille pomme, lui-même sans aucun aliment accessible. P. Claudel, Feuilles de Saints,Sainte Thérèse, 1925, p. ... l'âme », comme réalité spéciale, n'existe pas; ce n'est qu'un mot qui désigne l'ensemble des reflets, dans le domaine de nos images conscientes, des instincts innombrables de notre corps, ... R. Ruyer, Esquisse d'une philosophie de la structure,1930, p. Ce dont le christianisme affirme la valeur et la pérennité, ce n'est pas seulement l'âme, mais l'être concret fait de corps et d'âme que l'on appelle l'homme, parce que c'est l'homme et non pas seulement l'âme que le Christ est venu sauver. Ce que Pascal affirmera au xviiesiècle, les auteurs chrétiens l'avaient affirmé déjà dès la fin du iieou le début du iiiesiècle, et ils avaient marqué avec la même force la connexion nécessaire qui lie à la foi en la résurrection des corps la thèse philosophique de l'unité substantielle du composé humain... É. Gilson, L'Esprit de la philosophie médiévale,t. 1, 1931, p. Saint Augustin nous dit que l'homme n'est ni une âme à part, ni un corps à part, mais une âme qui se sert d'un corps. Lorsque nous lui demandons par ailleurs de nous définir l'âme en elle-même, il répond qu'elle est une substance rationnelle apte à gouverner le corps ». L'homme n'est donc finalement que son âme ou, si l'on préfère, c'est l'âme même qui est l'homme. Sans doute, saint Augustin ne serait pas entièrement désarmé contre ce reproche. Il répondrait peut-être qu'une âme n'est âme que si elle a un corps dont elle puisse user et qu'un corps n'est corps que s'il est au service d'une âme, auquel cas, en effet, la définition de l'âme seule est équivalente à celle de l'homme tout entier. É. Gilson, L'Esprit de la philosophie médiévale,t. 1, 1931p. L'âme n'est pas une substance distincte qui vient s'ajouter à la mécanique du corps, l'âme est la forme en soi » du corps. R. Ruyer, La Conscience et le corps,1937, p. ... Carus recourt volontiers à l'image de la création artistique l'œuvre d'art existe, d'une existence intérieure et complète, dans l'esprit du poète ou du musicien, avant d'être œuvre réalisée. De même l'âme elle existe avant son incarnation dans un corps; mais, d'autre part, elle n'atteint à son entier épanouissement que par sa vie dans la nature organique. Et l'âme se définit l'idée divine qui vit d'une existence individuelle dans la nature ». A. Béguin, L'Âme romantique et le rêve,1939, p. L'alcool prête à tous ces visages jeunes ou vieux une sorte d'éclat, une animation étrange, d'où l'âme est absente. Ils sont vidés de toute substance spirituelle, en apparence du moins; car l'âme demeure, tout de même, garrottée au plus secret de ces êtres, bâillonnée. Parfois, elle se libère un sourire fugitif éclaire divinement cette jeune figure penchée sur une épaule, puis s'éteint. F. Mauriac, Journal 2,1937, p. ... nous donnons le nom d'âme à ce qui est toujours autre chose sans être jamais chose; l'âme résume ce je-ne-sais-quoi d'impalpable, ce reste ou résidu invisible que le mécanisme des esprits forts peut bien négliger, mais qui manquera toujours pour expliquer totalement la vie et la pensée. V. Jankélévitch, Le Je-ne-sais-quoi et le presque-rien,1957, p. Syntagmes l'âme humaine; l'existence, l'origine, la nature, la spiritualité de l'âme; l'union, les rapports de l'âme et du avec le corps.− Principe de nature spirituelle opposé au corps matériel 48. Comment ne pas attendre, après cela, que des philosophes chrétiens portent tout leur effort sur la partie spirituelle de l'homme, qui est l'âme, et négligent cet élément caduc, opaque à la pensée, aveugle à Dieu, qu'est le corps? Pourtant, ... c'est le contraire qui est arrivé. Saint Bonaventure, saint Thomas, Duns Scot, je dirai même saint François d'Assise, sont des hommes qui ont chéri la matière, respecté leur corps, célébré sa haute dignité et n'ont jamais voulu séparer sa destinée de celle de leur âme. É. Gilson, L'Esprit de la philosophie médiévale,t. 1, 1931, p. L'âme est une nature qui n'a aucun rapport à l'étendue ni aux dimensions ou autres propriétés de la matière dont le corps est composé. » Passions, 1, 30. Telle est la définition que donne Descartes. Avec elle nous voilà revenus au dualisme platonicien. Mais d'une manière qui déroulera ses conséquences dans une direction diamétralement opposée. Bouyer1963.− Corps et âme. Tout entier, totalement. Se donner corps et âme à qqn, à qqc.; être à qqn corps et âme 50. − Cette nuit encore, il a parlé des heures. Il raconte sa vie, posément, le vrai et le faux mêlés, si bien mêlés que je m'y laisse prendre chaque fois, c'est comme un rêve. ... Oui, à ces moments-là, vous ne le croiriez pas, je lui appartiens corps et âme, je veux tout ce qu'il veut, je monterais avec lui sur l'échafaud. G. Bernanos, Monsieur Ouine,1943, p. Corps et âme » le langage du dévouement, le plus central de tous, pour désigner l'acte suprême dont nous soyons capables, a fondu dans une expression indissociable ces deux termes dont les psychologies formelles ne gardaient que deux abstractions stériles. Corps et âme, c'est ainsi que l'homme complet avance chaque geste et chaque pensée. E. Mounier, Traité du caractère,1946, p. 114.− Âme pour âme. ,,Sans réserve``. ,,Répondre de qqn corps pour corps et âme pour âme.`` Lar. 19eet Nouv. Lar. ill.. − Avoir l'âme bien chevillée au corps. Être doué d'une grande résistance physique et morale. − Avoir l'âme sur les lèvres. Être sur le point d' Fam. selon Littré et Rob.− Littér. Rendre l'âme. Mourir 52. Que signifie donc ce mot mourir? Quand mourrons nous? − Un homme ne peut en effet être dit mourant ni une fois qu'il est mort ni lorsqu'il est encore vivant. Nul n'est donc mourant s'il n'est vivant, car en cette extrémité même à laquelle sont réduits ceux que nous disons rendre l'âme, celui que son âme n'a pas encore quitté vit encore. Il est donc tout à la fois mourant et vivant, c'est-à-dire qu'il s'approche de la mort et s'éloigne de la vie... J. Vuillemin, Essai sur la signification de la mort,1949.− Littér. Arracher l'âme. ,,Tuer.`` Rob..♦ Fig. ,,Parler à un avare de vous aider de son argent, c'est lui arracher l'âme.`` Voir également Littré et Rob.− Corps sans âme. Personne que toute vie semble avoir désertée, la laissant abattue et sans aucune capacité de réaction. Être comme un corps sans âme 53. Elle était retournée à l'église, elle errait comme un corps sans âme; et, son angoisse devenait si forte, qu'elle ne s'arrêta même pas à causer. − Je ne peux plus tenir, je vas à leur rencontre. É. Zola, La Terre,1887, p. Se dit notamment de ,,Celui qui a perdu une personne qui lui était chère, qui tenait une grande place dans sa vie. Depuis la mort de sa femme, de son ami, c'est un corps sans âme.`` Ac. t. 1 1932. Attesté ds les autres dictionnaires.♦ P. anal. S'emploie en parlant d'un corps organisé parti, armée... qui a perdu son animateur, son chef. − Par métaph. ,,On dit qu'une étoffe n'a que l'âme, quand elle n'a ni consistance, ni solidité; elle manque de corps.`` Guérin 1892.Rem. Attesté ds Ac. 1835-1932 ,,fam.``, Besch. 1845, Lar. 19e, Nouv. Lar. ill. et Littré.− P. compar. 54. V La constitution est l'ordre intrinsèque, et comme l'âme de la société; l'administration en est l'ordre extrinsèque, et peut en être regardée comme le corps. de Bonald, Législation primitive,t. 2, 1802, p. L'être humain appréhendé dans son essence 55. ... le désordre, mais mon ami c'est la belle essence de votre vie même! de tout votre être physique et métaphysique! Mais c'est votre âme Ferdinand! Des millions, des trillions de replis... intriqués dans la profondeur, dans le gris, tarabiscotés, plongeants, sous-jacents, évasifs... illimitables! Voici l'harmonie Ferdinand! toute la nature! une fuite dans l'impondérable! et pas autre chose! Céline, Mort à crédit,1936, p. 414.− P. méton. Personne, en tant qu'être humain vivant; habitant 56. La population entière de Macao peut être évaluée à vingt mille ames, dont cent Portugais de naissance, sur deux mille métis ou Portugais indiens... Voyage de La Pérouse autour du monde,t. 2, 1797, p. Une heure sonna, c'était l'heure du café, pas une âme ne se montrait aux portes ni aux fenêtres. É. Zola, Germinal,1885, p. PHILOS. Principe de vie qui anime l'homme et les êtres organisés, animaux et plantes 58. L'ame n'est que le principe vital qui résulte des propriétés de la matière, et du jeu des éléments dans les corps où ils créent un mouvement spontané. de Volney, Les Ruines,1791, p. Une même sorte d'ames, dit Marc-Aurele, a été distribuée à tous les animaux qui sont sans raison, et un esprit intelligent à tous les êtres raisonnables... » Dupuis, Abrégé de l'origine de tous les cultes,1796, p. La grande fiction de la métempsycose, répandue dans tout l'Orient, tient au dogme de l'ame universelle et de l'homogénéité des ames, qui ne different entre elles qu'en apparence, et par la nature des corps auxquels s'unit le feu-principe qui compose leur substance; car les ames des animaux de toute espece, suivant Virgile, sont un écoulement du feu éther, et la différence des opérations qu'elles exercent ici bas, ne vient que de celle des vases ou des corps organisés qui reçoivent cette substance... Dupuis, Abrégé de l'origine de tous les cultes,1796p. Si nous trouvons en nous quelque répugnance à croire l'ame matérielle, ne seroit-ce point, en partie, parce que nous avons de la matière une idée trop circonscrite et fausse? ... Mais s'il existe une matière subtile et active, principe de mouvement, d'organisation et de vie, agent universel de la nature, un feu élémentaire, tel que nous en pouvons concevoir une idée imparfaite d'après la subtilité et la surprenante activité de la lumière; alors nous supposerons sans peine que le principe qui meut la nature est aussi celui qui nous anime, et nous aurons levé les principales difficultés celle entre autres de la différence entre la raison de l'homme et celle des autres êtres animés ...; car, l'instinct des animaux opère les fonctions de notre ame, et si nous voyons notre raison s'élever à un degré supérieur à celle de l'éléphant et du chien, du moins la conformité de leurs opérations plus ou moins parfaites n'annonce nullement une nature essentiellement différente... É. de Senancour, Rêveries,1799, pp. Ceux qui ont voulu que l'ame fût une substance particulière, un être réel autre qu'une matière subtile et active, ont été réduits à affirmer des assertions contradictoires, ou bien à admettre les deux ames, l'une sensitive et l'autre raisonnable; celle-ci absolument spirituelle, mais l'autre matérielle, afin que l'on conçoive du moins comment nos organes produisent nos sensations. Mais, même en adoptant ces deux ames, il restera toujours à expliquer comment la pensée, principe immatériel, ame raisonnable, est unie à la sensibilité, principe subtil mais matériel, ame sensitive. É. de Senancour, Rêveries,1799p. Ce qui est essentiel au corps d'un homme, dit Malebranche après Descartes, est une certaine partie du cerveau à laquelle l'âme est immédiatement unie ». L'âme est une lumière enfermée dans un verre, qu'elle use par son activité. Les matérialistes n'y voient qu'un verre lumineux. Brisez le verre, disent-ils, et vous n'y verrez plus rien; brisez le verre, disent les chrétiens, et vous y verrez beaucoup mieux ». de Bonald, Législation primitive,t. 1, 1802, p. Les philosophes anciens avoient senti la nécessité d'une cause particulière excitatrice des mouvements organiques; mais n'ayant pas assez étudié la nature, ils l'ont cherchée hors d'elle; ils ont imaginé une arché-vitale, une âme périssable des animaux; en ont même aussi attribué une aux végétaux... Lamarck, Philosophie zoologique,t. 2, 1809, p. Depuis le lombric ou ver de terre, tout nu, qui n'a pas l'industrie de se revêtir d'un fourreau, jusqu'à Newton, qui forma un système du monde, nous distinguons cinq genres d'ames l'élémentaire, la végétale, l'animale, l'intelligente et la céleste. Les quatre premières appartiennent au plus petit insecte, et la cinquième à l'homme seul. Bernardin de Saint-Pierre, Harmonies de la nature,1814, p. L'âme, c'est ce qui anime le corps, c'est le principe de la vie individuelle des animaux. Ne m'objectez pas que j'ai pris d'abord pour exemple la graine d'un végétal; vous savez que la philosophie grecque distinguait trois sortes d'âmes l'âme végétale, placée dans le bas du corps, près de la terre; l'âme passionnelle ayant son siège dans la poitrine, et l'âme raisonnable, qui réside dans la tête, la partie de notre corps la plus voisine du ciel. Ces trois âmes sont associées dans l'unité de la personne humaine .... On s'est habitué à réserver le nom d'âme à la faculté directrice de nous-mêmes, et il faut remonter à l'étymologie pour oser parler de l'âme des animaux et des plantes. Mais ne soyons pas trop aristocrates l'intelligence est partout, même dans le règne inorganique. L. Ménard, Rêveries d'un païen mystique,1876, pp. ... de ce qu'une âme est simple et distincte de la matière, il ne s'ensuit pas qu'elle soit spirituelle. En effet, les âmes des bêtes sont simples, suivant la doctrine de saint Thomas d'Aquin. Néanmoins elles ne sont point spirituelles, parce qu'elles sont incapables d'opérations à proprement parler intellectuelles, et qu'elles ne sont point immortelles. Bible 1912, col. Tous les biologistes ... se rattachent à l'une ou à l'autre de ces deux thèses. Depuis l'Antiquité, elles s'affrontent, l'une cherchant à réduire les phénomènes de la vie aux lois de la chimie, de la physique et de la mécanique, l'autre voulant au contraire les distinguer et les placer sous la dépendance d'un principe particulier, d'une puissance spéciale, quel que soit le nom qu'on lui donne, d'âme, d'archée, de psyché, de médiateur plastique, d'esprit recteur, de force vitale, ou de propriétés vitales » Claude Bernard. J. Rostand, La Vie et ses problèmes,1939, pp. 135-136.♦ Dans un contexte poét. ou panthéiste 69. ... le symbolisme communément attribué à Nerval est au vrai un animisme, ou un panthéisme. Le panthéisme moderne » qu'il a saisi dans Gœthe, il y entre en 1845 dans les vers admirables de son credo pythagoricien, frappés en sentences où passe une frayeur Respecte dans la bête un esprit agissant Chaque plante est une âme à la nature éclose; Un mystère d'amour dans le métal repose... Crains, dans le mur aveugle, un regard qui t'épie À la matière même un verbe est attaché... Ne la fais pas servir à quelque usage impie! ... Souvent dans l'être obscur habite un dieu caché. Durry, Gérard de Nerval et le mythe,1956, pp. 54-55.♦ Par métaph. 70. ... peut-on douter que la chaleur, cette mère des générations, cette âme matérielle des corps vivans, ait pu être le principal des moyens qu'emploie directement la nature, pour opérer sur des matières appropriées une ébauche d'organisation, une disposition convenable des parties; en un mot, un acte de vitalisation analogue à celui de la fécondation sexuelle? Lamarck, Philosophie zoologique,t. 2, 1809, p. 82.− Fig. Ce qui est ou donne à une chose l'équivalent de ce que l'âme est ou apporte au corps qu'elle habite.♦ Personne chose, idée... qui anime et dirige une activité, un groupe, un corps organisé... 71. ... il avait beaucoup plu. Dans les cabarets, on faisait cercle autour de lui, on l'applaudissait. Il était la vie, l'âme, le boute-en-train de tout le monde. E. Renan, Souvenirs d'enfance et de jeunesse,1883, p. ... la vérité et la vie chrétienne doivent pénétrer au dedans de mon activité, être l'âme vivifiante et rectrice de tout le matériel de connaissances et de moyens de réalisation que je mettrai en œuvre; ... J. Maritain, Humanisme intégral,1936, p. Gracian, décrivant son despejo, parle d'une éminence transcendante sans laquelle toute est fade et qui est la perfection des perfections ». Elle donne sa grâce à la grâce. Elle est la vie des grandes qualités, le souffle des paroles, l'âme des actions, le lustre de toutes les beautés ... ». N'y a-t-il pas une maïeutique du charme qui facilite la naissance des actions? Comme la charité selon saint Paul est l'esprit de la lettre et ce qui fait vertueuses les autres vertus, ainsi le charme est l'âme animatrice de la beauté paresseuse, ... V. Jankélévitch, Le Je-ne-sais-quoi et le presque-rien,1957, pp. 97-98.♦ Ce qui constitue l'essence ou est à l'origine de quelque chose 74. La manière dont ces divers renoncements se sont réalisés laisse sur la personnalité une structure résiduelle; elle se répétera ensuite dans son schéma essentiel sur tout comportement qui sollicite le sacrifice de la multiplicité des possibles à la solidité du réalisé, cette âme de l'action adulte. E. Mounier, Traité du caractère,1946, p. Mais si l'espérance est l'âme du consentement, c'est le consentement qui lui donne un corps. Espérance n'est pas illusion. P. Ricœur, Philosophie de la volonté,1949, p. vider de son âme 76. Le jugement ne conquiert ses choix qu'à travers une dramatique qui met en jeu toute l'expression du composé humain, depuis l'instinct inconscient jusqu'à la fine pointe de l'esprit. Un relâchement imperceptible de l'une des forces en jeu, et voilà cette vérité naissante qui se durcit, se déforme, se vide de son âme, se dresse contre les vérités complémentaires, arrive à dire le faux sous le vêtement du vrai. E. Mounier, Traité du caractère,1946, p. 675.♦ Ce qui donne le sentiment ou l'illusion de la vie 77. Voilà les vrais habitants du désert et qui en sont l'âme les fourmis travaillant le sable, les carriers travaillant le grès. Les uns et les autres de même génie, des hommes fourmis en dessus, des fourmis presque hommes en dessous. J. Michelet, L'Insecte,1857, p. Le remuement de la terre, sous son caparaçon de gel ou de neige, il me conseilla d'y prêter l'oreille. L'âme et le corps de la campagne me devinrent si familiers, mon vocabulaire rustique si aisé dans les deux langues, que je pus servir d'interprète dans un camp de remonte... Blanche, Mes modèles,1928, p. le domaine de la création de l'âme à une matière. Lui donner l'aspect de la vie. ,,La sculpture donne de l'âme au marbre.`` Ac. 1835-1932. C.− Usuel1. Principe de la pensée, de l'action, de la sensibilité ou de la [En parlant d'une seule pers.] Principe et siège de l'activité psychique, consciente et inconsciente 79. Combien d'idées dans notre esprit que nous ne saurions exprimer ... Il y a en effet dans les profondeurs de l'âme, ou au fonds de l'homme intérieur, un monde d'idées ou de sentiments, dont tout ce qui est à la surface, tout ce qui peut se nommer ou se peindre, n'est qu'une ombre fugitive; c'est dans ce fonds que nous trouvons ce qui est et ce que nous sommes réellement ou substantiellement, tout autre que ce qui paraît. On peut trouver une autre âme au fonds de cette âme qu'on analyse et qu'on peint par le dehors. Maine de Biran, Journal,1815, p. ... tout le monde croit à l'existence de son ame, c'est-à-dire à l'existence de quelque chose en nous qui sent, qui veut, qui pense. Ceux mêmes qui ne croient pas à l'existence spirituelle de ce sujet, n'ont jamais mis en question l'existence de ses facultés, l'existence de la sensibilité par exemple, celle de la volonté, celle de la pensée. V. Cousin, Hist. de la philosophie du XVIIIes.,2, 1829, p. Telle est la noble immortalité, nécessairement immatérielle, que le positivisme reconnaît à notre âme, en conservant ce terme précieux pour désigner l'ensemble des fonctions intellectuelles et morales, sans aucune allusion à l'entité correspondante. A. Comte, Catéchisme positiviste,1852, p. ... je veux désigner cet enseignement de la métaphysique moderne exhortant l'homme à tenir en assez faible estime la région proprement pensante de son être et à honorer de tout son culte, la partie agissante et voulante. On sait que la théorie de la connaissance, dont l'humanité reçoit ses valeurs depuis un demi-siècle, assigne un rang secondaire à l'âme qui procède par idées claires et distinctes, par catégories, par mots; qu'elle porte au grade suprême l'âme qui parvient à se libérer de ces mœurs intellectuelles et à se saisir en tant que pure tendance », pur vouloir », pur agir ». J. Benda, La Trahison des clercs,1927, p. Pour désigner l'individualité propre d'un être libre, on dit que c'est une personne. Ainsi l'essence de la personnalité se confond avec celle de la liberté; d'autre part, la liberté tient à la rationalité, et comme c'est sa rationalité même qui fonde la subsistance de l'âme et celle de l'homme, il faut dire qu'en nous le principe de l'individualité et le principe de la personnalité se confondent. L'actualité de l'âme raisonnable, en se communiquant au corps, détermine l'existence d'un individu qui est une personne, si bien que l'âme individuelle possède la personnalité comme par définition. É. Gilson, L'Esprit de la philosophie médiévale,t. 1, 1931, p. Il n'y avait que l'amplitude silencieuse et disproportionnée des bois, mêlée à des sons de prière et de sommeil. ... elle faisait entrer en vous une douce confiance dont on s'apercevait seulement qu'elle était là sans qu'on l'eût sentie venir. Elle allait chercher au fond de vous, pour le caresser et l'assoupir, quelque chose qui était peut-être bien votre âme, tant c'était profond. J. Malègue, Augustin ou le Maître est là,t. 1, 1933, p. ... nous n'observons ni âme, ni corps, mais seulement un être composite dont nous avons divisé arbitrairement les activités en physiologiques et mentales. Certes, on continuera toujours à parler de l'âme comme d'une entité .... L'âme est cet aspect de nous-mêmes qui est spécifique de notre nature et nous distingue de tous les autres êtres vivants. A. Carrel, L'Homme, cet inconnu,1935, p. Une œuvre réussie a toujours quelque chose de secret, d'insaisissable, fait appel en nous à des yeux qui ne sont pas encore ouverts ». La poésie est représentation de l'âme, du monde intérieur dans sa totalité. Le sens poétique a bien des points communs avec le sens mystique ... Il représente l'irreprésentable. Il voit l'invisible, sent l'insensible, etc ... Le poète est littéralement insensé, − en échange, tout se passe en lui ». Il est, au pied de la lettre, sujet et objet à la fois, âme et univers. A. Béguin, L'Âme romantique et le rêve,1939, p. Ce qui compte, je le sais bien, c'est l'âme qui est au fond; ce fond que l'élan de l'amour consiste à vouloir atteindre. Mais la forme n'est pas complètement transparente. L'enveloppe a une épaisseur. Tout se passe comme si de l'âme » était à votre recherche, essayait de venir vers vous, était attirée par vous, vous attirait. Cela circule le long du temps et des circonstances, en quête d'une transparence plus grande, ou d'une fissure plus large, pour qu'enfin la rencontre puisse avoir lieu. De l'âme. » De l'âme qui vous concerne, vous, et que vous concernez. J. Romains, Les Hommes de bonne volonté,La Douceur de la vie, 1939, p. L'âme humaine et pourquoi craindre d'employer ce mot pour désigner ce faisceau d'émotions, de tendances, de susceptibilités dont le lien n'est peut-être que physiologique reste de contours vaporeux, changeants, insaisissables, constamment modifiés et modifiables au gré des circonstances, des climats, des saisons, de toutes les influences, de sorte que la volonté la plus tendue et la plus vigilante a bien du mal à y maintenir un semblant de cohésion. A. Gide, Journal,1942, p. ... l'obstination de Klages à vouloir toujours rejeter l' esprit », qui est raison et volonté claires, pour découvrir l' âme » obscure et instinctive le conduit souvent à un subjectivisme touffu. E. Mounier, Traité du caractère,1946, p. ... mettez-vous à la place de ce petit garçon, à la plus haute fenêtre d'un vieux château, tous les poils de son corps en érection, en train de se mettre plein l'âme, plein les yeux, plein le cœur, plein tout, de cet océan extatique que j'essaye de vous décrire, de ce déballage sous lui de montagnes, de forêts, de moissons et de vignobles... P. Claudel, La Lune à la recherche d'elle-même,1949, p. Au propriétaire, les biens de ce monde reflètent ce qu'il est ils m'enseignaient ce que je n'étais pas je n'étais pas consistant ni permanent; je n'étais pas le continuateur futur de l'œuvre paternelle, je n'étais pas nécessaire à la production de l'acier en un mot je n'avais pas d'âme. Sartre, Les Mots,1964, p. 1. Dans ce sens, la notion d'âme recouvre à la fois la notion d'esprit principe et siège des facultés intellectuelles », la notion de cœur principe et siège des facultés affectives » et la notion de conscience principe et siège des facultés morales ». 2. Syntagmes usuels les facultés, les opérations, les phénomènes de l'âme; la vie, l'histoire, l'étude de l'âme; l'intérieur, les profondeurs, les mystères de l'âme; découvrir, analyser, connaître l'âme; une âme simple, obscure, ouverte.− En partic. La partie la plus intime de l'être.♦ Du fond de l'âme. Du plus profond de soi-même. Jusqu'à l'âme, jusqu'au fond de l'âme. Profondément, tout au fond de son être. Être ému jusqu'à l'âme, jusqu'au fond de l'âme 92. Il lui souriait du fond de l'âme; à ses yeux elle était douée d'un prestige qui m'échappait, absolument. S. de Beauvoir, Les Mandarins,1954, p. 215.♦ De toute son âme. De tout son être, en engageant toutes ses ressources. Avec toute son âme 93. Bergson enseigne que l'homme doit philosopher avec toute son âme », c'est-à-dire, non pas seulement avec sa raison, mais avec ses passions, ses instincts, son vouloir-vivre. J. Benda, La France byzantine,1945, p. 51.♦ Dans l'âme [En parlant de la manière d'être, d'agir] Fondamentalement 94. J'étais devenue journaliste dans l'âme ... j'aime ce métier-là. G. de Maupassant, Bel-Ami,1885, p. P. ext. [En parlant d'un groupe humain] Ensemble de dispositions subjectives communes aux membres d'un groupe et caractéristiques de ce groupe. L'âme d'un peuple, d'une nation, de la patrie; l'âme d'une époque; l'âme collective 95. Dois-je montrer que cette conception inspire toute la pensée moderne? Qu'elle existe chez tout un groupe de critiques littéraires, lesquels, devant un ouvrage et de leur propre aveu, cherchent bien moins s'il est beau que s'il est expressif des volontés actuelles », de l' âme contemporaine »? Qu'on la voit chez toute une École d'historiens-moralistes qui admirent une doctrine, non pas parce qu'elle est juste ou bonne, mais parce qu'elle incarne bien la morale de son temps, l'esprit de science de son temps... J. Benda, La Trahison des clercs,1927, pp. Il avait connu ce miracle », cette communauté mystique des troupes au feu, cette épuration de l'individu, cette formation soudaine d'une âme collective et fraternelle, sous le poids d'une même fatalité. R. Martin du Gard, Les Thibault,Épilogue, 1940, p. Au fig.− [En parlant de 2 ou de plusieurs pers.] Être une âme, n'être qu'une âme, ne faire qu'une âme. Être si étroitement unis, que l'on semble ne plus faire qu'un seul être 97. violaine. − Qui a pris une épouse, ils ne sont plus qu'une âme en une seule chair et rien ne les séparera plus. P. Claudel, L'Annonce faite à Marie,1948, II, 3, p. Le seul sujet définitivement capable de la transfiguration mystique est le groupe entier des hommes ne formant plus qu'un corps et qu'une âme dans la charité. Et cette coalescence des unités spirituelles de la création sous l'attraction du Christ est la suprême victoire de la foi sur le monde. P. Teilhard de Chardin, Le Milieu divin,1955, p. 184.− Se sentir une âme de + subst. de l'animé. Se sentir animé, habité par des aspirations, des idées, des convictions identiques à celles d'une autre personne 99. La propriété est maintenant complètement enclose de barbelés. Devant quoi je me sens une âme de communiste. Je n'ai jamais eu celle d'un possesseur. A. Gide, Feuillets d'automne,1949, p. ... je rôdais dans l'appartement avec une âme d'incendiaire; hélas, je n'y mis jamais le feu docile par condition, par goût, par coutume, je ne suis venu, plus tard, à la rébellion que pour avoir poussé la soumission à l'extrême. Sartre, Les Mots,1964, p. P. méton.− Personne, chose qui anime la vie de quelqu'un en lui donnant une raison d'être, un contenu, un sens 101. Adieu, femme, tourment, bonheur, espérance et âme de ma vie, que j'aime, que je crains, qui m'inspire des sentiments tendres qui m'appellent à la nature, et des mouvements impétueux aussi volcaniques que le tonnerre. Napoléon Ier, Lettres à Joséphine,1796, p. Elle entrerait au Carmel ou dans un de ces Ordres qui vont en Polynésie, soigner les lépreux. Elle sacrifierait cette vaine beauté, cette vie sans but et sans âme. Daniel-Rops, Mort, où est ta victoire?1934, p. 170.− Âme sœur. Personne qui a de profondes affinités de goûts, de sentiments... avec une autre personne particulièrement avec une personne du sexe opposé, qui est faite pour s'entendre, pour vivre en harmonie avec elle 103. Tant que sa fortune immense a suffi à ces bienfaits, il a réussi à rester ignoré. Mais il a fallu, pour continuer ce rôle sublime, qu'il établît des relations avec des âmes sœurs de la sienne et qu'il formât une association... G. Sand, Lélia,1839, p. 378.− Vieilli. Chère âme, ma chère âme, mon âme. Terme de tendresse, usité en particulier pour désigner la femme aimée 104. − Chère âme, je vous aime... on m'a dit ce que vous souffriez, et je suis accouru... me voici, je vous aime. É. Zola, Le Rêve,1888, p. En Principe de la vie affective; siège des sentiments 105. C'est une grande imprudence que d'appliquer sans cesse son jugement à la partie aimante de son être, de porter l'esprit raisonneur dans les passions. Cette curiosité conduit peu-à-peu à douter de toutes les choses généreuses; elle dessèche la sensibilité, et tue, pour ainsi dire, l'ame les mystères du cœur sont comme ceux de l'antique Égypte; tout profane qui cherche à les découvrir, sans y être initié par la religion, est subitement frappé de mort. de Chateaubriand, Génie du Christianisme, t. 1, 1803, p. − Il y a au-dedans de nous un être immatériel, qui est comme exilé dans notre corps auquel il doit survivre éternellement. Cet être, d'une essence plus pure, d'une nature meilleure, c'est notre âme. C'est l'âme qui enfante tous les enthousiasmes, toutes les affections, qui conçoit Dieu et le ciel. V. Hugo, Lettres à la fiancée,1821, p. Le sentiment est une coloration particulière de l'âme consciente », qui s'incorpore à la vie inconsciente et participe de toutes ses qualités immédiat et sans liberté, ne connaissant ni lassitude ni éducation, il est soustrait à la volonté et insondable. Par lui, l'âme touche à ces régions profondes où toutes les âmes sont en rapport avec leur unité commune. L'amour, qui en est la forme la plus haute, est la première délivrance de l'existence séparée, le premier pas du retour dans le tout ». A. Béguin, L'Âme romantique et le rêve,1939, p. Dans ce sens, âme est d'une part mis en synonymie avec cœur conçu comme le principe de l'affectivité, d'autre part mis en opposition avec esprit conçu comme le principe des facultés intellectuelles, de la raison 108. ... même en se rendant aux raisons que je lui exposais, son âme restait froide, quoique son esprit parût convaincu. Restif de La Bretonne, Monsieur Nicolas,1796, p. − Mère, dis-je, ... tu sais comme il est tranquille. ... − Tranquille! on ne sait jamais. Il faudrait être à l'intérieur, pour savoir. Oui, dans son âme, dans son cœur. G. Duhamel, Chronique des Pasquier,Le Jardin des bêtes sauvages, 1934, p. 176.− [En position de compl. déterminatif] 110. Je crois de plus en plus que ce que nous appelons tristesse, angoisse, désespoir, comme pour nous persuader qu'il s'agit de certains mouvements de l'âme, est cette âme même, que, depuis la chute, la condition de l'homme est telle qu'il ne saurait plus rien percevoir en lui et hors de lui que sous la forme de l'angoisse. G. Bernanos, Journal d'un curé de campagne,1936, p. Élisabeth, elle, offre un autre aspect de l'âme, est en quelque sorte la sensualité de l'âme, j'entends par là tout ce qui se rapporte à la partie affective de l'âme; elle est tout cœur et tout sentiment, et elle se donne par sentiment. J. Green, Journal,1949, p. ... Leibniz avait entrevu un au-delà de la pensée perceptible. ... Mais c'est un peintre, Karl Gustav Carus, qui aborda de front le problème et précisa l'existence de cette région de l'âme, nourricière de la sensibilité et du rêve. R. Huyghe, Dialogue avec le visible,1955, p. Syntagmes usuels mouvement, disposition, transport, élan de l'âme; affections, agitation, émotion, sentiment, passion de l'âme; délicatesse, sensibilité, insensibilité, sécheresse de l'âme; santé, maladie, plaie de l'âme; plaisir, douleur, souffrance, angoisse, tristesse de l'âme.♦ État d'âme. Ensemble d'impressions, de sentiments ressentis dans une circonstance donnée 113. Je songe à cette sorte de roman qui s'interdit, dans l'ordre des états d'âme, le rêve, la rêverie, les pressentiments... J. Paulhan, Les Fleurs de Tarbes,1941, p. ... il s'est promené tout le jour, il avait quelque chose à tuer, il ne sait pas s'il y est arrivé quand on ne fout rien, on a des états d'âme, c'est forcé. Sartre, La Mort dans l'âme,1949, p. La forêt est un état d'âme. Les poètes le savent. Les uns l'indiquent d'un trait comme Jules Supervielle qui sait que nous sommes dans les heures paisibles habitants délicats des forêts de nous-mêmes. G. Bachelard, La Poétique de l'espace,1957, p. J'appréciais son amour de la vérité, sa rigueur; il ne confondait pas les sentiments avec les idées et je me rendis compte, sous son regard impartial, que bien souvent mes états d'âme m'avaient tenu lieu de pensée. S. de Beauvoir, Mémoires d'une jeune fille rangée,1958, p. ext. [En parlant d'un groupe humain] 117. ... maintenant qu'il embrassait par le souvenir, à vol d'oiseau, ces tas d'estaminets et de rues. Il comprenait la signification de ces cafés qui répondaient à l'état d'âme d'une génération tout entière, et il en dégageait la synthèse de l'époque. Huysmans, À rebours,1884, p. 230.♦ Vague à l'âme. État de mélancolie, de vacuité, plus ou moins maladif, dû p. ex. au désœuvrement, à l'ennui, à la solitude. Avoir du vague à l'âme 118. René avait du vague à l'âme »; à présent il s'embête à crever ». René n'était malade que d'esprit à présent il est névropathe. Son cas était surtout moral il est aujourd'hui surtout pathologique. Vous trouverez la plupart de ces traits chez des Esseintes. Il représente en plus d'un endroit l'ennuyé » d'aujourd'hui. J. Lemaître, Les Contemporains,1885, p. 325.♦ La mort dans l'âme. Faire quelque chose la mort dans l'âme. Contre son gré, avec détresse. Avoir la mort dans l'âme. Être désespéré 119. ... le surmoi se fait tour à tour autoaccusateur dans la mélancolie jusqu'à jeter la mort dans l'âme, persécuteur par projection au dehors dans la paranoïa, ségrégateur et obsédant dans l'automatisme mental. E. Mounier, Traité du caractère,1946, p. 704.− [Qualifié par un adj.] 120. J'ai fait des économies! s'écria-t-il tout d'un coup. − Ce mot de génie changea la physionomie du vieillard et la position de Julien... voilà donc l'amour de père! se répétait-il l'âme navrée... P. Bourget, Essais de psychologie contemporaine,1883, p. Syntagmes fréq. âme sensible, délicate, poétique, tendre, douce; âme tranquille, sereine, ardente, enthousiaste, passionnée, exaltée; âme agitée, émue, bouleversée, troublée, tourmentée, inquiète, indignée; âme heureuse, ravie, triste, endolorie, souffrante, blessée, déchirée, malade, flétrie, brisée, fatiguée, épuisée; âme éprise, solitaire; âme pleine, vide.− [Dans des loc. verbales] 121. Nos ames, comme je l'ai dit, s'étaient épanchées sans réserve sur les confins de la Touraine. J. Dusaulx, Voyage à Barège et dans les Hautes-Pyrénées,t. 1, 1796, p. ... il a néanmoins beaucoup d'agrément dans la physionomie, surtout lorsqu'il est animé par quelque doux sentiment. Son âme passe alors dans ses yeux, et fait disparaître l'air froid et même un peu sombre qu'il a naturellement... J. Guéhenno, Jean-Jacques,Roman et vérité, 1950, p. Syntagmes fréq. avoir de l'âme, être tout âme, faire quelque chose avec âme; envahir, remplir l'âme, s'emparer de l'âme, habiter l'âme, jaillir de l'âme; faire vibrer l'âme; atteindre, remuer, bouleverser, ébranler, chavirer, agiter, tourmenter, blesser, percer, déchirer, dévaster, obscurcir l'âme; livrer, ouvrir son âme à quelqu'un; gagner l'âme de quelqu'un.♦ Avoir de l'âme. Avoir une grande sensibilité; avoir du cœur, être bon et humain. [En parlant d'une œuvre] Être plein d'âme. Être animé par une grande bonté, une grande humanité. Manquer d'âme, n'avoir pas d'âme, être sans âme. Manquer, n'avoir pas de cœur, être insensible et dur. [En parlant d'une chose] Sans âme. Froid, figé 123. Les paroles sont devenues des actions, et tous les cœurs sensibles vantent avec transport un mémoire que l'humanité anime, et qui paraît plein de talent parce qu'il est plein d'âme. G. de Staël, Lettres de jeunesse,1786, p. ... vous êtes bon, vous, délicat, sensible; mais Armand n'a point d'âme. Collin d'Harleville, Le Vieux célibataire,1792, p. ... pour ces guerres démentes où sont sacrifiés les hommes non pas même à des chimères, non pas même, peut-être, expressément aux intérêts de quelques-uns... mais à un système sclérosé, inhumain, sans âme, qui tourne en rond, qui tourne en vrille, conduisant le monde à quelle inimaginable tuerie, à quelle rage hagarde et comme vide − pour ces guerres-là, qui me convaincra d'être un fou ou d'être un lâche, si je dis non! A. Gide, Journal,1933, p. Il y a les hommes... » Il vient de se peindre tout entier, ce tendre. − Oui mais il ne sait pas bien dire ça. Il a de l'âme plein les yeux, c'est indiscutable, mais l'âme ne suffit pas. J'ai fréquenté autrefois des humanistes parisiens, cent fois je les ai entendu dire il y a les hommes », et c'était autre chose! Sartre, La Nausée,1938, p. Un petit fêtard imbécile, un petit carnassier dur et sans âme, une petite brute tout juste bonne à aller plus vite que les autres avec ses voitures, à dépenser plus d'argent dans les bars. J. Anouilh, Antigone,1946, p. 187.♦ Être tout âme. Être doué d'une sensibilité aiguë, toujours en éveil. Fendre l'âme. Fendre le cœur, toucher au point le plus sensible. ♦ Retrouver son âme de + subst. de temps. Revivre l'état d'âme, éprouver à nouveau les sentiments de tel moment du temps 128. Nous nous taisions. La guerre était encore si proche que nous retrouvions brusquement, comme si elle fût restée attachée au terrain, notre âme des soirs de relève, cette angoisse active qui tenait tous les sens à l'affût, cette impression d'une présence hostile et cachée, qui guettait notre montée. R. Vercel, Capitaine Conan,1934, p. 197.− Principe de la sensibilité, de l'imagination, de la création artistique 129. ... la poésie, c'est l'âme, le génie, c'est l'âme, ce qu'on appelle mon talent n'est autre chose que mon âme... V. Hugo, Lettres à la fiancée,1821, p. ... pour une simple image poétique, il n'y a pas de projet, il n'y faut qu'un mouvement de l'âme. En une image poétique l'âme dit sa présence. Et c'est ainsi qu'un poète pose le problème phénoménologique de l'âme en toute clarté. Pierre-Jean Jouve écrit la poésie est une âme inaugurant une forme. » L'âme inaugure. Elle est ici puissance première. Elle est dignité humaine. G. Bachelard, La Poétique de l'espace,1957, p. 6.♦ Dans le domaine de l'expression orale, jouer, parler, lire avec âme. Avec beaucoup de sentiment, avec une puissance d'émotion qui révèle une sensibilité ell. Avec âme 131. Philippe, avec âme Mais s'il y croit, Madame, s'il y croit! Madame Fernat Alors je le plains beaucoup. Philippe, gravement Moi aussi, je le plains. H. de Montherlant, L'Exil,1929, II, 4, p. Les musiciens disent jouer ou chanter avec âme, c'est-à-dire avec expression, chaleur, mouvement, parce que l'âme est l'imitation de la vie. de l'âme dans quelque chose 133. Ils reprirent la scène; elle essayait de mettre de l'âme dans chaque réplique et ce fut beaucoup plus mauvais que la première fois. − Vous en faites trop, dit-il. Soyez plus simple. S. de Beauvoir, Les Mandarins,1954, p. 274.− Au fig. Psychisme que la sensibilité de l'homme perçoit surtout dans les choses, en s'y projetant; psychisme spécifique ainsi prêté à chaque chose, l'homme y projetant des états affectifs différents; ce qui est ressenti comme étant la nature propre et intime d'une chose 134. ... ... Dans les jours lointains je vois ton fils Orphée, ... ..., tenant la lyre, il chante. ... La tigresse tournait une prunelle d'or Vers ses regards voilés par ses longues paupières, Et sa voix éveillait des âmes dans les pierres. T. de Banville, Les Cariatides,La Voie lactée, 1842, p. C'est l'intuition des harmonies cosmiques qui constitue la part de vérité » contenue dans la poésie, quand elle exprime l'harmonie entre un homme et son milieu, ou qu'elle dégage l'âme » d'un paysage ou d'une province, l'âme, c'est-à-dire son unité cosmique. Ce qui donne à l'univers sa couleur, ce qui le rend capable de déclencher des sentiments en nous ce n'est pas ce qu'il contient de mécanismes bien déterminés. Mais ces mécanismes se sont peu à peu harmonisés entre eux pour former des mondes, pourvus d'une sorte de rythme auquel nous nous accordons spontanément, parce que nous sommes nous-mêmes créés par la même lente formation. R. Ruyer, Esquisse d'une philosophie de la structure,1930, p. Descendre dans la rue pour juger un pays, c'est une habitude latine. Si je cherchais l'âme, le secret de Paris, c'est aux rues de Paris que je le demanderais. P. Morand, Londres,1933, p. ... Je veux dire ce n'est pas une pièce de musée... vos meubles, on ne dit pas voilà des merveilles... non ... mais cette pièce a une âme. Toute cette maison a une âme ». Vercors, Le Silence de la mer,1942, p. Breton dans le Second Manifeste écrivit il est clair que le Surréalisme n'est pas intéressé à tenir grand compte de tout ce qui se produit à côté de lui sous prétexte d'art, voire d'anti art, de philosophie ou d'anti philosophie, en un mot de tout ce qui n'a pas pour fin l'anéantissement de l'être en un brillant intérieur et aveugle, qui ne soit pas plus l'âme de la glace que celle du feu. » G. Bataille, L'Expérience intérieure,1943, p. L'or léger qu'elle murmure Sonne au simple doigt de l'air Et d'une soyeuse armure Charge l'âme du désert ». Valéry rejoint Cézanne au sein du même cristal, éblouissant de lumière et vibrant de mélodie. R. Huyghe, Dialogue avec le visible,1955, p. 94.♦ Littér. L'âme des choses. ,,Objets inanimés, avez-vous donc une âme / Qui s'attache à notre âme et la force d'aimer?`` A. de Lamartine, Harmonies poétiques et religieuses, Milly,1830, pp. 15-16.♦ Dans le domaine de la création vie, en particulier la vie intérieure, la personnalité que l'artiste imprime à sa création 140. Le peintre donne une âme à une figure, et le poète prête une figure à un sentiment et à une idée. Chamfort, Maximes et pensées,1794, p. Souvent, en contemplant des ouvrages d'art, non pas dans leur matérialité facilement saisissable, dans les hiéroglyphes trop clairs de leurs contours ou dans le sens évident de leurs sujets, mais dans l'âme dont ils sont doués, dans l'impression atmosphérique qu'ils comportent, dans la lumière ou dans les ténèbres spirituelles qu'ils déversent sur nos âmes, j'ai senti entrer en moi comme une vision de l'enfance de leurs auteurs. Ch. Baudelaire, Paradis artificiels,Le Génie enfant, 1860, p. Antoine lui-même mais un Antoine qui succombe, il [Flaubert] a perdu son âme − je veux dire l'âme de son sujet, qui était la vocation de ce sujet à devenir chef-d'œuvre. Il a manqué l'un des plus beaux drames possibles, un ouvrage du premier ordre qui demandait à être. En ne s'inquiétant pas sur toute chose d'animer puissamment son héros, il a négligé la substance même de son thème il n'a pas entendu l'appel à la profondeur. P. Valéry, Variété 5,1944, p. Principe de la volonté et de l'action, principe et siège de la conscience et de la vie morale 143. En courant les rues en voiture, je réfléchissais sur la conscience morale que je distingue de la conscience personnelle base de toute philosophie et d'une autre conscience qu'on pourrait appeler rationnelle. Ce sont trois points de vue ou comme trois faces de l'âme humaine ... Maine de Biran, Journal,1818, p. 122.− [En position de compl. déterminatif] 144. Les souffrances physiques et les privations sont souvent pour les hommes courageux une épreuve d'endurance et de force d'âme. S. Weil, La Pesanteur et la grâce,1943, p. Elle crie qu'elle n'a rien su, rien ressenti, qu'il me reste la grandeur de son âme, sa fidélité! Aujourd'hui je suis un mari, je ne me contente pas des mots de prétoire. J'appelle fidélité pour le corps... J. Giraudoux, Pour Lucrèce,1944, III, 5, p. La vie et la ferveur et la tendance vers, créent l'ordre. Mais l'ordre ne crée ni vie, ni ferveur, ni tendance vers. Et ceux-là seuls se trouveront grandis qui, par bassesse d'âme, accepteront le petit bazar d'idées qui est du formulaire du gendarme, et troqueront leur âme contre un manuel. A. de Saint-Exupéry, Citadelle,1944, p. Syntagmes usuels grandeur, force, égalité, simplicité, bonté, générosité d'âme; beauté, pureté, noblesse de l'âme; les yeux sont le miroir de l'âme.− [Suivi, parfois précédé, d'un adj. ou accompagné d'un compl. déterminatif à valeur méliorative ou péj.; s'emploie p. méton. pour désigner une pers.] 147. Il n'est pas rare de voir des âmes faibles qui, par la fréquentation avec des âmes d'une trempe plus vigoureuse, veulent s'élever au-dessus de leur caractère. Chamfort, Maximes et pensées,1794, p. À l'exposition du boulevard des Italiens, devant cette école, cette peinture pourrie, ces tableaux d'éventail, ces dentelles et ces bergerades, il me vient l'idée que c'est pourtant de ce temps qu'est sortie cette ventrée d'âmes de bronze et de corps de fer, les hommes de la Convention et de l'Empire. E. et J. de Goncourt, Journal,oct. 1860, p. Jérôme Paturot désirait un peu vivement une position sociale. C'est d'une petite âme. M. Barrès, Un Homme libre,1889, p. Ces vertus bien françaises dont je ne voudrais cependant pas trop médire, sont parmi les plus dangereuses; elles ne supportent pas d'être pratiquées de façon constante; elles sont à la structure d'une âme virile ce que les tons neutres sont à un tableau coloré des éléments régulateurs. Mais, de même qu'on n'actionne pas un véhicule à coups de frein, de même une grande âme ne s'élève pas sans un embrasement considérable, un délire profond... A. Lhote, Peinture d'abord,1942, p. Je suis fatigué de vous, Soubrier, affreusement fatigué de vous. Vous êtes une âme pénible. Cruelle, et d'autant plus cruelle qu'elle est plus faible. Vous êtes pesant ..., mon pauvre petit. soubrier. − Pourquoi dites-vous pauvre »? Je ne suis pas à plaindre. l'abbé. − Orgueilleuse petite âme d'esclave que vous êtes, avec vos points d'honneur toujours si mal placés. Pas à plaindre! H. de Montherlant, La Ville dont le prince est un enfant,1951, I, 1, p. ... sur bien des points je restais dupe des sublimations bourgeoises; eux, ils dégonflaient impitoyablement tous les idéalismes, ils tournaient en dérision les belles âmes, les âmes nobles, toutes les âmes, et les états d'âme, la vie intérieure, le merveilleux, le mystère, les élites; ... S. de Beauvoir, Mémoires d'une jeune fille rangée,1958, p. Syntagmes usuels grande, petite, belle âme; pauvre âme; âme noble, vulgaire; sublime, vertueuse; forte, faible, irrésolue, pusillanime; transparente, pure, sale, noire; innocente, simple, perverse; fière, élevée, supérieure, haute, basse; courageuse, lâche; honnête; charitable, généreuse, bienfaisante, magnanime, intéressée, vénale; égale, sereine; âme de bronze, de fer, de héros, d'élite, de boue, de laquais, de valet.− Loc. En mon âme et conscience. Formule de serment. En toute sincérité, en toute honnêteté 153. Soyons juste, au point de vue du modernisme, tout cela se vaut, et j'affirme en mon âme et conscience, que je ne vois pas bien la différence qui existe entre certains dessins de bals, gravés dans des feuilles à images, et le bal en couleur que M. Béraud nous expose. Huysmans, L'Art moderne,1883, p. 172.− P. méton. Bonne âme. Personne d'une nature bonne et simple, personne charitable.♦ Par antiphrase 154. ... le roi nomma l'inventeur chevalier de la légion d'honneur. Nouvelle rumeur dans la petite ville. Eh bien! C'est la croix qu'il voulait! Le Père Madeleine refusa la croix. Décidément cet homme était une énigme. Les bonnes âmes se tirèrent d'affaire en disant après tout, c'est une espèce d'aventurier. V. Hugo, Les Misérables,t. 1, 1862, p. 203.− [Dans des loc. verbales] Forger, fortifier, retremper une âme 155. ... il n'est point à distinguer ce qui te ravage de ce qui te fonde, car c'est le même vent qui sculpte les dunes et les efface, le même flot qui sculpte la falaise et l'éboule, la même contrainte qui te sculpte l'âme ou l'abrutit, le même travail qui te fait vivre et t'en empêche, le même amour comblé qui te comble et te vide. A. de Saint-Exupéry, Citadelle,1944, p. TECHN. et TECHNOL., par métaph. [Sert à désigner ce qui, dans un obj., constitue l'élément central, vital, la partie intérieure en partic. lorsqu'il s'agit d'un évidement permettant une circulation d'air; est notamment utilisé dans le cadre de l'oppos. corps/âme cf. p. ex. hérald.]− ARM. Âme d'un canon, d'un fusil. Évidement intérieur où se place le projectile 156. ... je veux trahir, je lèche le canon de mon fusil et son âme à l'intérieur, son âme, seuls les fusils ont des âmes ... A. Camus, L'Exil et le royaume,1957, p. 1586.− CH. DE FER. Âme du rail. Partie médiane joignant le patin au Attesté ds Ch. Bricka, Cours de chemins de fer, 1894, p. 299; Nouv. Lar. ill. et Lar. encyclop.− CHIM. ,,Partie centrale d'un fil, d'un charbon pour électrodes, etc., lorsqu'on doit les utiliser dans des buts spéciaux.`` Duval 1959.Rem. Voir d'autre part Lar. encyclop. et son Compl. métall. Âme d'une électrode de soudure, âme d'une cathode.− ÉLECTR. Âme d'un câble isolé. ,,Partie centrale et métallique d'un câble électrique, conduisant le courant`` Siz. 1968. Âme câblée. ,,âme formée de plusieurs brins conducteurs, assemblés en toron `` Siz. 1968. Âme massive. ,,âme constituée par un conducteur unique.`` Siz. 1968.Rem. Mention plus ou moins complète ds Littré, Nouv. Lar. Lang. fr. et Quillet 1965.− HÉRALD. Âme d'une devise. ,,... paroles qui servent à expliquer la figure représentée dans le corps d'une devise`` Ac. 1835-1932. La devise avait pour corps un arbre abattu, entouré d'un lierre, et pour âme ces paroles Je meurs où je m'attache.`` Ac. 1835-1932.Rem. Attesté ds la plupart des dictionnaires.− MAR. Âme d'un cordage. ,,Fil intérieur autour duquel on tresse les torons.`` DG. Synon. mèche d'un Attesté ds la plupart des dictionnaires.♦ P. ext. [En parlant d'un câble en acier] 157. Les câbles [en acier] sont constitués par une âme » sur laquelle s'enroule[nt] un nombre variable de torons » ... J. Guillemin, Précis de construction, calcul et essai des avions et hydravions,1929, p. 16.− MUS. Âme d'un instrument à cordes. Petite pièce de bois interposée, dans le corps de l'instrument, entre la table et le fond, les maintenant à la bonne distance et assurant la qualité, la propagation comme l'uniformité des vibrations. L'âme d'un violon, d'une contrebasse, d'un violoncelle 158. ... dans un violon, la tâble et l'âme sont faites en Épicéa... L. Plantefol, Cours de botanique et de biologie végétale, t. 1, 1931, p. 205.− PAPET. ,,Feuilles de carton moulé qui sont couvertes d'une ou de plusieurs couches de papier.`` Lar. 19e-Lar. encyclop..Rem. Lar. 19eet Nouv. Lar. ill. ajoutent ,,On donne encore ce nom à la bande de carton qui, dans une boîte, forme la gorge et porte le dessus.``− SCULPT. Âme d'une figure, d'une statue. ,,L'espèce de massif, de noyau sur lequel on applique le stuc, le plâtre, etc., dont on forme une figure, une statue. Les statues d'or et d'ivoire des anciens Grecs avaient une âme ou noyau de cèdre, sur lequel s'appliquait par compartiments le revêtement de la sculpture. Il se dit également du noyau sur lequel on coule une figure, une statue, et qu'on en retire après l'opération de la fonte.`` Ac. 1835-1932.Rem. Attesté ds la plupart des dictionnaires.− TECHNOLOGIE♦ Âme d'une fusée. ,,Trou conique dans le corps d'une fusée volante.`` Ac. Compl. 1842.Rem. 1. Attesté ds la plupart des dictionnaires. 2. Lar. encyclop. ajoute ,,Dans un artifice ayant une enveloppe tubulaire, partie intérieure qui est garnie de poudre. Filet axial de matière explosive, dans un cordeau détonant ou non détonant.``♦ Âme d'un soufflet. ,,... morceau de cuir qui, formant soupape, laisse pénétrer l'air dans l'instrument et l'y retient.`` Chesn. 1857.Rem. Attesté ds la plupart des dictionnaires.♦ ,,... petites feuilles de tabac qui remplissent le dedans des andouilles de tabac. Âme d'un rôle de tabac, Le bâton autour duquel le tabac cordé est monté.`` Lar. 19eet Nouv. Lar. ill..Rem. Attesté ds Ac. Compl. 1842, Besch. 1845 et Littré.♦ Âme d'un fagot. ,,Le menu bois, les menues branches qui sont au milieu d'un fagot. Allumer le feu avec l'âme d'un fagot.`` Ac. 1835.Rem. 1. Attesté ds les dict. du xixes. sauf Ac. 1878 et DG. 2. ,,Pop.`` selon Ac. 1835 et Besch. 1845.− TEXT. ,,Noyau d'un gland de passementerie.`` Lar. 19e-Lar. encyclop..Rem. 1. Lar. encyclop. ajoute ,,Partie centrale d'un câble, constituée le plus souvent de plusieurs fils de caret non ou peu retordus, et qui sert de support aux torons constitutifs du câble. Âme d'un filé, fil de coton ou de soie sur lequel le métal est enroulé.`` 2. Seul Besch. 1845 mentionne ,,Âme du métier à bas. Assemblage des pièces qui contribuent à la formation des mailles.`` Confirmé par Chesn. 1857.− ZOOL. Âme d'une plume. Tissu que renferme le tuyau de la plume 159. Lorsque la tige et toutes ses barbes sont sorties de la gaîne, l'intérieur de celle-ci se dessèche, et on n'y voit plus que des cônes membraneux enfilés les uns dans les autres, qui sont semblables à ceux dont le développement avoit poussé les barbes au dehors et qu'on nomme l'ame de la plume. G. Cuvier, Leçons d'anatomie comparée,t. 2, 1805p. ET ORTH. − 1. Forme phon. [ɑm]. Grammont Prononc. 1958, p. 29 fait remarquer que ,,a devant consonne non allongeante est postérieur et long lorsqu'on l'écrit avec un accent circonflexe pâte, hâte ..., âme, blâme, pâme, etc., sauf dans les formes verbales comme mangeâmes, donnâtes, où il est antérieur et bref``. 2. Forme graph. − Fér. 1768 écrit le mot sans accent circonflexe. Fér. Crit. t. 1 1787 fait observer qu',,il convient de mettre sur l'â l'accent circonflexe``. Ac. 1798 âme; Ac. abr. 1832 ame, sans accent circonflexe. L'emploi de l'accent circonflexe est rég. à partir d'Ac. ET HIST. − 1. Fin ixes. relig. anima principe spirituel de l'homme » Eulalie, P. Meyer, Rec. II, 1, 2 ds Gdf. Compl. Bel avret corps, bellezour anima; 2. 1181 philos. un des deux principes composant l'homme oppos. au corps » G. D'Amiens, Rom. d'Escanor, éd. Michelant, 6682 ds sont tuit conme cors et ame; 3. 1637 manifestation de l'individu comme être pensant » Descartes, Méth., IV ds Rob. Je connus par là que j'étais une substance dont toute l'essence ou la nature n'est que de penser, et qui pour être n'a besoin d'aucun lieu ni ne dépend d'aucune chose matérielle; en sorte que ce moi, c'est-à-dire l'âme, par laquelle je suis ce que je suis, est entièrement distincte du corps; 4. a xiiies. ? rendre l'âme mourir » [âme principe de vie chez l'homme]; le terme rendre révèle la conception, à l'orig. relig., du retour à son auteur, de l'âme, créature de Dieu Mir. de N. D., III, 123, v. 1530 ds Gdf. Compl. Amis je te di de ta femme, Pour verite rendue a l'amme, Trepassee est en l'abbaie; 1632 P. Corneille, Clitandre, 226, éd. Marty-Laveaux La peur de sa mort ne me laisse point d'âme; b av. 1630 principe de la vie végétative d'un inanimé » d'Aubigné, III, 55, éd. Beaume, de Caussade, Lex. soleil, âme du monde; av. 1630 id. d'un animal » Id., III, 392 ibid. âme sensitive [des animaux] vive Et mouvente; 1690 id. des plantes » Fur. l'âme vegetative est dans les plantes; c d'où emploi fig. âme d'une pers. 1616-20 d'Aubigné, Hist., II, 10 ds Littré Considerez que la Roine-mere est l'âme de l'Estat, elle qui est sans âme, âme d'un inanimé 1656 Pascal, Prov. 5, ibid. La charité qui est l'âme et la vie de la grâce; d 1718 imitation de la vie, expression de vie » Ac. On dit donner de l'âme à un ouvrage pour dire exprimer vivement les choses qu'on y représente, y mettre beaucoup de feu ... cela se dit soit en parlant des orateurs et des poètes soit en parlant des peintres et des sculpteurs; 5. 1669 principe de la vie affective, source des passions » Molière, G. Dand. III, 5 ds Rob. De quel coup me percez-vous l'âme; 1672 en parlant des relations amoureuses Racine, Andr. II, 2 ds Littré L'amour n'est pas un feu qu'on renferme en une âme; 6. xvies. ensemble des facultés morales » Ronsard, 635 ibid. Âme couarde en un beau corps logée d'où 1636 cœur, courage » Corneille, Cid, II, 2 ds Rob. Je suis jeune, il est vrai, mais aux âmes bien nées, La valeur n'attend pas le nombre des années; 7. p. ext. de 4 1177 personne, être vivant » Chrétien de Troyes, Chev. au Lyon, éd. Foerster, 3035 ds regarde par la forest, S'il verroit nule ame venir; d'où 1633 terme d'affection ma chère âme » Corneille, Mélite, 1567 ds Marty-Laveaux, Lex. des Œuvres de Corneille; 1637 objet de son amour » Id., Gal. du Palais, 305, ibid. Célidée est son âme; 8. av. 1695 ensemble des états de conscience communs aux membres d'un groupe » La Fontaine, IX, 15, éd. Gohin Le conte m'en a plus toûjours infiniment Il est bien d'une âme Espagnole; 9. partie essentielle vitale d'une chose » a 1430 d'un moulin 1430, Béthune, ap. La Fons, Gloss. ms., Bibl. Amiens ds Gdf. Un arbre de moulin tout neuf, roie, bras, courbes, ames, gatilles, coyaulx et rayere; b 1470 parole, explication d'une lettre » Lettres de Louis XI, IV, 110 ds Barb. Misc. 27. 1944-52, p. 218 j'ay receu voz lettres et veu bien à plain le contenu en icelles, aussi en la petite ame qui était dedans; d'où 1680 id., d'une devise » d'Aubigné, Œuv., IV, 327 ds Gdf. Compl. ... lui fit présent d'un bouquet d'olive, de laurier et de cypres joignant au corps de cet emblesme, l'ame qui s'ensuit; c 1611 évidement d'une bouche à feu » Cotgr. ame [...] also the mould that within the bore of artillerie when tis cast d'où 1752 artificier Trév. Âme. On appelle ainsi le trou conique qu'on pratique dans le corps d'une fusée volante le long de son axe, pour que la flamme s'y introduise d'abord assez avant pour le soutenir; d 1676 sculpt. Félibien, Principes d'arch., 468 ds Barb., Op. cit., p. 219 Âme ... on appelle ainsi la première forme que l'on donne aux figures de stuc lorsqu'on les esbauche grossièrement avec du plastre ...; e 1680 lutherie Rich. Âme. Petit morceau de bois droit, qu'on met dans le corps de l'instrument de musique directement sous le chevalet pour fortifier le son [Ame de poche, de viole et de violon]; f 1680 Ibid. Ame. Ce mot se dit en parlant du fagot. Le bois du milieu du fagot; g 1771 moelle d'une plume » Trév. On appelle âme ce qui est enfermé dans le creux d'un tuyau de plume; h 1771 Ibid. Ame chez les boisseliers. C'est un morceau de cuir qui forme dans le soufflet une espèce de soupape, qui y laisse entrer le vent, lorsqu'on écarte les deux palettes du soufflet, et l'y retient lorsqu'on les comprime l'une contre l'autre; i 1797 mar. Lescallier, Vocab. des termes de mar., ii, 34 ds Barb., Op. cit., p. 220 Âme ou mèche d'un cordage, c'est un faisceau ou toron ordinairement de fils blancs et de chanvre médiocre, ou du second brin, sur lequel, comme sur un axe, on commet et tortille les torons qui doivent composer un cordage à mèches; d'où 1816 Beaunier, Loire, Annales des Mines ds Quem. t. 1 1959 les cables goudronnés par fils et ayant une âme, sont plus durables dans les puits humides; j 1863 text. Littré On dit qu'une étoffe n'a que l'âme quand elle n'a ni forme ni consistance; k 1894 ch. de fer Bricka, Cours de chemins de fer, p. 293 âme du rail. Du lat. anima proprement souffle, air » dep. Ennius, attesté au sens 4 principe de vie, d'où vie » dep. Ennius Ann. 210 ds Oxford lat. dict., 132, col. 2 ut pro Romano populo... prudens animam de corpore mitto; au sens 2 esprit par oppos. au corps » dep. Pacuvius Trag. 93, ibid. mater terrast parit haec corpus, animam aether adiuget; au sens 4 a âme de l'homme animam efflare, emittere, proflare, expirare, dimittere... d'emploi très fréq., TLL 70, 59 et sq. b âme des plantes Pline, Nat., 31, 3, ibid., 73, 12 in caelum migrare aquas amimamque etiam herbis vitalem inde deferre; c âme des animaux Virgile, Georg. 3, 495 ds Gaff. dulces animas reddunt vituli; au sens 5 [sens aussi présenté par animus] Sénèque, Benef., 4, 37, 1 ds TLL 73, 38 hominem venalis animae; au sens 7 Horace, Sat., 1, 5, 41 ds Oxford lat. dict., 132, col. 3 Plotius et Varius Sinuessae Vergiliusque... animae qualis neque candidiores terra tulit; comme terme de tendresse Cicéron, Fam., 14, 14, 2 ibid. Vos meae carissimae animae [de même animus Plaute, Asin., 664 ds Gaff. mi anime]. Les sens suiv. sont empr. au lat. animus 3 Plaute, Poen, 1250 ds Oxford lat. dict., 134, col. 2 ita stupida sine animo asto; 5 Plaute, Capt., 782, ibid. 134, col. 3 tanto mi aegritudo auctior est in animo; d'où sentiment amoureux. Id., Asin., 141, ibid., 135, col. 1 amans ego animum meum isti dedi. Le lat. anima est apparu sous cette forme en fr.; voir 1 Eulalie; puis sous les formes suiv. xies. aneme Alex., str. 67bds Gdf. Compl. Deseivret l'aneme del cors sainz Alexis; ca 1100 anme Rol., éd. Bédier, 2396 L'anme del cunte portent en pareïs avec a nasal; ame par assimilation n/m, d'où [m], avec a postérieur, Fouché, p. 84 Phonét. 1952, p. 808; fin xiies. arme Garin, 2echanson XVIII ds Gdf. Compl. Il chiet a terre et l'arme s'en parti; ca 1170 alme Ben., D. de Norm., I, 165 ibid. Ne dotent mort, ne lor survient que alme seit ne qu'el devient, par dissimilation du n changé soit en r soit en l dans le groupe -nm- Nyrop t. 1 1938, § 330.STAT. − Fréq. abs. litt. 41 800. Fréq. rel. litt. xixes. a 79 021, b 50 623; xxes. a 65 032, b 44 − Allmen 1956. − 1882. − Bailly R. 1969 [1946]. − Bar 1960. − Barb. Misc. 27 1944-52, pp. 218-223. − 1963. − Barber. 1969. − Barbier P.. Noms de poissons. R. Lang. rom. 1915, t. 58, pp. 270-280. − Bél. 1957. − Bénac 1956. − Bible 1912. − − Bonnel-Tassan 1966. − Bouillet 1859. − Bouyer 1963. − Bruant 1901. − Canada 1930. − Chabat t. 1 1875. − Chesn. 1857. − Cohen 1946, p. 8, 11. − Daire 1759. − Dheilly 1964. − Dup. 1961. − Duval 1959. − Esn. 1966. − Fér. 1768. − 1962. − Franck 1875. − 1968. − Goblot 1920. − Gottsch. Redens. 1930, p. 130, 280, 355; pp. 357-358; p. 381, 404, 461. − Gruss 1952. − Guizot 1864. − Julia 1964. − Lacr. 1963. − Laf. 1878. − Laf. Suppl. 1878. − Lafon 1963. − Lal. 1968. − Lav. Diffic. 1846. − Le Clère 1960. − Le Roux 1752. − Littré-Robin 1865. − Marcel 1938. − Millepierres F.. L'Âme chez les poètes du xixesiècle. Vie Lang. 1968, no198, pp. 542-548; no199, pp. 615-621. − Miq. 1967. − Mots rares 1965. − Nelli 1968. − Noter-Léc. 1912. − Nysten 1814-20. − Piguet 1960. − Poignon 1967. − Pollnow H.. Corps, âme, esprit. Problèmes de structure. Recherches philosophiques. 1936/37, t. 6, pp. 124-143. − Pope 1961 [1952], § 371, 442, 639, 643, 686, 719. − Prév. 1755. − Romeuf t. 1 1956. − Rougnon 1935. − Sardou 1877. − Siz. 1968. − Sommer 1882. − Synon. 1818. − Théol. bibl. 1970. − Théol. cath. t. 1, 1 1909. − Timm. 1892. − Tournemille J.. Au jardin des locutions françaises. Vie Lang. 1964, no151, p. 614. − Viollet 1875. − Will. 1831. − Yvon H.. Les Expressions négatives dans la Queste del Saint Graal. Romania. 1959, t. 80, no1, p. 75, 77. Croyanceque tout objet à une âme; MECREANT. 8 lettres. Il remet en doute toute croyance; Incrédule; Athée; Gentil mais infidè ; MIRACULE. 8 lettres. Sauvé, Dieu seul sait comment; SORCELLERIE. 11 lettres. Pratique et la croyance en la magie; MESSIANISTE. 11 lettres. Croyance en un être libérateur; LA. 2 lettres. Adverbe là (invariable) Désigne l'endroit précis;
La religion, qui a toujours marqué l'histoire humaine, apparaît comme un phénomène culturel complexe et diversifié. Son rapport avec la raison est également complexe souvent opposées, raison et foi finissent par paraître interdépendantes. Finalement, l'universalité de la religion doit nous amener à questionner son origine. IL'homme et son rapport à la religion ADéfinir la religion Il convient d'abord de définir la religion et son rapport à l'homme. La notion de religion recouvre un ensemble de réalités hétérogènes. C'est d'ailleurs ce que montre son étymologie Religare signifie "relier" la religion relie l'homme à Dieu et "rassembler" les hommes entre eux. Religere signifie "recueillir" cela renvoie à l'idée d'observance, de scrupule. Pour Henri Bergson, la religion présente deux aspects différents qui s'opposent. Il y a la religion statique et la religion dynamique La religion statique "attache l'homme à la vie, l'individu à la société". La religion dynamique a quelque chose "d'inaccessible", elle touche à l'âme. Bergson la considère comme traversant tout le corps, il la définit comme un "élan vital". La religion est donc à la fois un système de croyances auquel un individu adhère et une notion de communauté religieuse et culturelle. La religion apparaît surtout comme étant propre à l'homme. Par exemple, ce dernier est le seul être vivant à procéder à des cérémonies mortuaires. Même à la Préhistoire, on retrouve des traces de cultes que les hommes vouaient aux morts. En ce sens, l'homme semble donc être un animal religieux. Par ailleurs, la religion a un lien avec la mort, et plus précisément avec la conscience qu'a l'homme d'être mortel. BLes caractéristiques du fait religieux On parle de fait religieux pour caractériser non pas le sentiment ou la croyance qu'éprouve un individu à l'égard de sa foi, mais pour désigner les occurrences, dans la culture, de ces croyances. Pour distinguer ce qui relève du religieux et ce qui n'en relève pas, il est possible d'utiliser la distinction entre le sacré et le profane. Dans son travail sur la religion, le sociologue Émile Durkheim insiste sur cette séparation qui s'opère dans la société entre les choses relevant du domaine du sacré et celles relevant du domaine du profane. Une religion est un système solidaire de croyances et de pratiques relatives à des choses sacrées, c'est-à-dire séparées, interdites, croyances et pratiques qui unissent en une même communauté morale, appelée Église, tous ceux qui y Formes élémentaires de la vie religieuse le système totémique en Australie, Paris, éd. PUFCe sur quoi insiste ici Durkheim, c'est la division du monde entre les réalités sacrées et les réalités profanes. Pour lui, cette distinction constitue le dénominateur commun de toutes les religions. Le sacré regroupe les choses, les lieux, les objets, les personnes ou les moments qu'une culture donne à interpréter comme autant de manifestations d'une puissance supérieure, bénéfique ou maléfique. Le profane est tout simplement le non-sacré. Durkheim insiste sur un autre aspect de la religion son caractère unificateur. En effet, pour lui, la religion ne fait pas que proposer une distinction entre le sacré et le profane, elle est aussi ce qui permet aux hommes de constituer une communauté. Nous ne rencontrons pas, dans l'histoire, de religion sans Église. Une religion est un système solidaire de croyances et de pratiques relatives à des choses sacrées qui unissent en une même communauté morale tous ceux qui y Formes élémentaires de la vie religieuse le système totémique en Australie, Paris, éd. PUFDans cette citation, Durkheim souligne qu'une religion est nécessairement collective. Cette propriété suit de la définition de la religion comme ensemble solidaire de croyances et de rites, c'est-à-dire impliquant une communauté. C'est cette communauté qu'il appelle "Eglise". Pour Durkheim, une religion est donc toujours l'affaire d'une communauté qui y adhère. Ce n'est pas un simple système de pensées. De plus, il n'y a pas non plus de religion au sens sociologique du terme sans pratique religieuse, c'est-à-dire sans rituels. Du point de vue sociologique, la religion est donc un ensemble de pratiques et de rites communs à une communauté qui y adhère et qui repose, au sein d'une même société, sur la distinction du sacré et du profane. IILes liens complexes entre raison et croyance AL'opposition entre croyance et raison 1Des définitions opposées Étymologiquement, la foi du latin fides signifie la confiance. Ainsi, le fidèle est celui qui s'en remet intégralement à Dieu, même s'il ne peut prouver son existence ni déchiffrer sa volonté. Par exemple, dans la Bible, Abraham obéit lorsque Dieu lui demande de sacrifier Isaac, son fils unique, même s'il ne sait pas quelle sera l'utilité de son acte. En ce sens, la foi semble bien s'opposer au savoir et la raison, qui exigent preuve et justification. Mais ce qui caractérise plus encore cette opposition entre la foi et le savoir tient probablement au caractère absolument certain des vérités révélées, là où les vérités proposées par les sciences ont conscience de leur caractère provisoire. Bertrand Russell insiste sur cette différence entre une croyance religieuse et une théorie scientifique. Science et Religion, Religion and Science, trad. Philippe-Roger Mantoux, Paris, éd. Gallimard, coll. "Folio essais" 1990Alors que la vérité religieuse est révélée une fois pour toutes, et est tenue pour toujours absolument vraie, la science sait qu'elle ne peut prétendre ni à un savoir exact ni à une connaissance entière achevée du monde. 2La séparation en deux sphères Si l'on peut accuser la foi de prétendre délivrer des vérités certaines dans le domaine du savoir, il est aussi possible de souligner que, pour ce qui est du domaine de la foi, la raison n'a pas à intervenir. Autrement dit, il importerait de délimiter strictement ces domaines que constituent la foi et le savoir. Blaise Pascal insiste largement sur cette distinction. Selon lui, foi et savoir sont deux ordres distincts qu'il ne convient généralement pas de faire se rejoindre. Concernant la foi, il souligne qu'elle ne peut pas être l'objet d'un raisonnement ou d'une conviction la foi se sent avec le cœur, elle ne peut faire l'objet de démonstration rationnelle. Ainsi, si la foi doit être évacuée du domaine de la connaissance, la raison doit, dans le domaine de la foi, et même de certains principes fondamentaux, céder sa place au cœur. BLes connexions entre croyance et raison 1Des façons différentes d'exprimer la même chose Les liens entre les vérités issues de la foi et celles formulées par la raison ne doivent pas nécessairement être pensés en termes d'exclusion. Il est en effet possible de penser que la religion et la raison constituent deux façons différentes d'exprimer la vérité, sans qu'il y ait nécessairement à choisir entre l'une ou l'autre. C'est en un sens l'idée qu'exprime le philosophe Alain. En effet, celui-ci s'attache à produire une interprétation rationnelle de la religion. Pour lui, les religions ne seraient que l'expression métaphorique de ce que la philosophie exprime sous forme de concepts. On peut penser que la parabole du Bon Samaritain dans la Bible qui illustre le devoir d'être bon envers son prochain est l'expression métaphorique de l'impératif catégorique théorisé par Emmanuel Kant "Agis de façon telle que tu traites l'humanité, aussi bien dans ta personne que dans toute autre, toujours en même temps comme fin, et jamais simplement comme moyen".Les dieux sont nos métaphores, et nos métaphores sont nos sur la religion, Paris, éd. PUF, 4e éd. 1969En fait, les vérités de la religion et les vérités de la raison seraient les mêmes, simplement exprimées sous des formes différentes. 2La raison pour éclairer la religion Si la foi et le savoir ne s'opposent pas nécessairement, il importe de préciser les liens qu'ils peuvent entretenir. Pour le philosophe Averroès, la foi et la raison ne peuvent pas être contraires elles sont les deux expressions possibles de la vérité. Pourtant, il arrive souvent que les vérités de la foi et celles de la raison se contredisent. En réalité, cette contradiction n'est qu'apparente c'est que la vérité, dans le discours religieux, c'est-à-dire issu des textes sacrés, est recouverte d'un voile. La solution pour accéder à la vérité est alors de faire usage de sa raison, qui est la meilleure part de l'homme. Ainsi, lorsqu'il y a un conflit entre la religion et la raison, il revient à l'homme d'interpréter le texte sacré, afin qu'il s'accorde aux énoncés de la raison. C'est donc le recours à l'interprétation qui permet de résoudre les oppositions apparentes. Ainsi, pour Averroès, la vraie religiosité implique l'usage de la raison le philosophe est celui qui voit les vérités sans voile, et leur connaissance est le culte qu'il rend à Dieu. Au siècle des Lumières, la raison va aussi tenter de rendre la religion plus rationnelle. En effet, à un moment où la raison tente d'affirmer son autonomie par rapport à la religion, de nombreux philosophes sont amenés à critiquer l'absurdité de certains dogmes et à vivement condamner l'intolérance et l'oppression dont est responsable une certaine forme de religion. C'est ainsi que Voltaire, dans le conte philosophique Candide, fait la critique de certaines formes de religion le rigorisme hollandais, l'Inquisition espagnole ou les jésuites au Paraguay. Sans être pour autant athées, ces philosophes préconisaient le retour à une religion naturelle débarrassée de certains rites inutiles et de certaines croyances qu'ils jugeaient absurdes. La religion naturelle s'oppose à la fois aux religions instituées, c'est-à-dire aux institutions liées à une religion telles que le clergé et l'Église, et aux religions révélées, c'est-à-dire aux vérités auxquelles doit adhérer le croyant. La religion naturelle prône donc un rapport immédiat à Dieu et préconise l'usage de la raison à deux niveaux pour déceler la présence de Dieu dans le monde, à travers les lois de la nature, et pour adopter une attitude morale dans la conduite de sa vie. Il s'agit donc d'une forme de déisme, prônant l'existence d'une morale universelle celle que nous enseigne la raison. Ainsi, les enseignements de la religion naturelle sont accessibles à l'homme par l'usage de sa seule raison. Dans sa Lettre sur la tolérance, John Locke distingue très clairement les attributions de l'État, en insistant sur le fait que ce n'est pas à lui de prendre en charge l'âme des sujets. Dans un moment de l'histoire du Royaume-Uni marqué par d'importants conflits religieux, Locke entend dans cette lettre plaider en faveur de la tolérance des diverses religions au sein de l'État. Ainsi, il est essentiel pour lui de reconnaître qu'en matière de pratique religieuse comme de croyance, le choix doit être laissé à chaque individu. En un sens, Locke ouvre ainsi la voie à la reconnaissance de la neutralité de l'État en matière de religion. IIILes raisons de l'universalité de la religion ALe besoin de donner du sens à la mort Qu'on la considère dans sa dimension individuelle la croyance, ou bien dans sa dimension collective ensemble de pratiques et de croyances propres à une société ou communauté donnée, la religion apparaît comme un phénomène universel. Comment expliquer ce besoin universel de trouver du sens à l'existence par le biais de la religion ? Il est possible de dire, avec Sigmund Freud, que la religion répond à un besoin psychologique de l'homme face à sa finitude, c'est-à-dire sa conscience d'être mortel. En effet, selon lui, la religion est une croyance qui découle de trois désirs fondamentaux Un besoin affectif de protection Dieu apparaît alors comme une sorte de projection de la figure du père. Un besoin intellectuel de compréhension du monde et de soi-même la religion se propose ainsi d'apporter une réponse aux grandes questions métaphysiques que se pose l'homme Quelle est l'origine du monde ? Quel est le sens de la vie ? Enfin, un besoin moral de justice c'est ce qu'exprime l'image du Jugement dernier, tout comme l'idée d'un paradis, d'un enfer, et d'un dieu qui voit tous les actes des hommes et sonde leurs intentions. Les idées religieuses qui professent d'être des dogmes, ne sont pas le résidu de l'expérience ou le résultat final de la réflexion elles sont des illusions, la réalisation des désirs les plus anciens, les plus forts, les plus pressants de l'humanité ; le secret de leur force est la force de ces d'une illusion, Die Zukunft einer Illusion, trad. Anne Balseinte, Jean-Gilbert Delarbre, Daniel Hartmann, Paris, éd. PUF, coll. "Quadrige Grands textes", 6e éd. 2004Contrairement à l'idée selon laquelle les dogmes religieux exprimeraient une forme de sagesse pratique, le résultat de l'expérience ou de la réflexion, Freud affirme ici qu'il s'agit d'illusions. Plus précisément, ces dogmes religieux, traductions de désirs enracinés dans la nature de l'homme, tiennent justement leur force de la puissance des désirs dont ils sont issus. BLa création d'un lien social Outre l'aspect psychologique, le caractère universel du fait religieux tient peut-être aussi à son rôle dans la constitution d'une société. Comme le souligne Durkheim dans Les Formes élémentaires de la vie religieuse, la religion est essentiellement une forme de lien social. En d'autres termes, la religion est ce qui lie les hommes entre eux à l'intérieur d'une société donnée. Il est néanmoins possible de souligner une lente disparition de cette forme du lien social, dans la mesure où s'effectue un transfert de la religiosité dans la sphère privée/individuelle. Marcel Gauchet l'évoque notamment dans Le Désenchantement du monde 1985. Il y montre ainsi que les sociétés occidentales modernes sont sécularisées et sont donc en train de sortir de la religion. En effet, le phénomène religieux relève de plus en plus d'un choix individuel, tandis que la société tend à se structurer en dehors de toute référence à une communauté religieuse. CUne réponse à la dureté de la vie Il est enfin possible de suggérer que la religion constitue une réponse à la dureté des conditions d'existence. C'est ce que veut dire Karl Marx, lorsqu'il énonce que la religion est "l'opium du peuple". En effet, la religion naît dans un contexte de misère matérielle, d'incapacité à maîtriser les conditions d'existence. La religion fonctionnerait ainsi comme une drogue, car en prétendant délivrer l'homme de la sensation de souffrance, en lui promettant une vie meilleure après la mort, elle lui donne de l'espoir. Or, elle ne le délivre pas des causes réelles de sa souffrance en réalité, elle le maintient dans l'inaction et l'empêche ainsi de se révolter contre une situation inacceptable. Elle sert de "bonheur illusoire du peuple" afin de consoler les hommes de la misère réelle. La religion se révèle être surtout, selon Marx, l'instrument utilisé par la classe dominante pour "endormir" les prolétaires en leur faisant croire à l'avènement d'un monde meilleur, dans un au-delà imaginaire. La religion est la théorie universelle de ce monde, sa somme encyclopédique, sa logique sous forme populaire, son point d'honneur spiritualiste, son enthousiasme, sa sanction morale, son complément solennel, le fondement universel de sa consolation et de sa à la critique de la philosophie du droit de Hegel, trad. Jules Molitor, éd. Allia, coll. "Petite Collection" 1998La religion prétend justifier l'existence du monde tel qu'il est en renvoyant le bonheur à la vie après la mort.
Lacroyance au surnaturel, en un principe divin qui serait à l’origine du monde. La croyance à l’immortalité de l’âme. 3. Marque de domaine : religion. Syn. de Foi. La croyance en Dieu. La croyance au Dieu des chrétiens. II. II. Par métonymie. Ce qui est cru, ce qui fait l’objet de l’assentiment. 1. Toute opinion, quel que soit son fondement ; en particulier, conception d
ex5K. 410 363 285 471 465 72 451 366 28

croyance que tout objet a une âme